C’est la quatrième fois que le dossier médical personnel est relancé. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’on commence à ressentir une certaine lassitude chez beaucoup d’acteurs. Expérimentateur dans sa région, l’Alsace, le Dr Claude Bronner, président d’Espace Généraliste, est dubitatif sur les nouvelles échéances fixées par la ministre : « Je vois mal comment on pourrait avoir un DMP sérieux en 2010 ». Selon lui, le problème n’est toujours pas pris par le bon bout. « Si j’étais patron du DMP, je me débrouillerais pour que les médecins aient envie de communiquer entre eux et le reste suivrait ensuite naturellement » avance-t-il. La profession est-elle dans son ensemble prête pour dès 2010 ouvrir et alimenter un DMP pour les patients qui en feraient la demande ? S’il demeure facultatif pour les assurés – la ministre s’est engagée à supprimer les pénalités pour les récalcitrants, une idée envisagée dans la première mouture du projet-, les généralistes eux n’auront guère le choix. « La loi incite fortement les médecins à alimenter le DMP » rappelle Michel Gagneux, président du GIP-DMP. « Si un patient souhaite ouvrir un dossier, il est du devoir du professionnel de santé de l’alimenter » a renchéri le Dr Jean-Jacques Lucas, vice-président du CNOM.
La ministre a cité en exemple le dossier pharmaceutique (DP) mis en place avec succès par le conseil de l’Ordre des pharmaciens. Trois millions de DP ont déjà été ouverts depuis la généralisation du dispositif en décembre dernier. « Si les pharmaciens ont réussi, je ne vois pas pourquoi les médecins ne pourraient pas non plus s’approprier le DMP » affirme Christian Jeambrun, président du SML, un des rares à penser que l’échéance de 2010 est réaliste. « Le DP nous a rendu service et fait du tort à la fois, nuance Claude Bronner. Il montre que c’est possible mais du même coup tout le monde croit que c’est facile. Or le DMP est nécessairement plus complexe à mettre en place que le DP ». Le scepticisme est également de mise à l’UNOF pour qui le délai de 2010 est irréaliste. Mais le principal obstacle que pointe son président Michel Combier est d’ordre éthique. « Je ne veux pas que mes patients apprennent de mauvaises nouvelles en consultant leur DMP avant d’avoir vu leur médecin, insiste-t-il. Ce n’est pas une question de pouvoir médical, mais c’est simplement mon boulot de médecin généraliste et ce n’est pas toujours un boulot facile ».
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