Café égale caféine. Ce raccourci inexact est aujourd’hui balayé, en particulier grâce à l’abondante littérature relative aux effets du café sur la santé. De fait, on ne peut attribuer toutes les propriétés – positives ou négatives – du café, à la seule caféine. Avec plus de 1 000 substances (diterpènes, polyphénols, mélanoïdes, trigonelline, etc.) aux propriétés biologiques diverses, le café engendre des effets multiples, et parfois même variables, sur la santé humaine. Cette boisson, qui serait la plus riche en antioxydants, contient des substances dont les effets compensent ceux de la caféine et d’autres qui la complètent.
Maladies chroniques
Diabète et hypertension artérielle (HTA) illustrent bien les effets compensateurs. La consommation de café prévient le diabète de type 2 (dose dépendant). « Nous savons aujourd’hui, qu’une personne peut bénéficier d’une réduction (de 20 à 60 %) du risque de développer un diabète de type 2 selon la quantité de café absorbée (de 3 à 7 tasses de 150 ml par jour). Ces effets préventifs touchent toutes les ethnies, les hommes et les femmes, les obèses et non obèses. Le café décaféiné est aussi efficace que le café normal », précise Astrid Nehlig (directrice de recherche à l’Inserm U1129, Paris et Strasbourg). A priori, ce rôle protecteur serait donc joué par des composés autres que la caféine. Par ailleurs, quand on boit de la caféine seule, la pression artérielle augmente. Alors que le café, lui, n’a peu ou pas d’effets similaires. « Cela est lié au fait que l’acide chlorogénique du café a un effet antihypertenseur », note Astrid Nehlig.
Des travaux récents sur la maladie d’Alzheimer démontrent, quant à eux, les effets complémentaires à la caféine de certains composés du café. Ainsi, le fait de consommer 3 à 4 tasses (150 ml) de café par jour réduirait de 16 % le risque de développer la maladie d’Alzheimer (2). « Cet effet a été attribué à la caféine, mais d’autres constituants du café – tels que l’acide férulique (un polyphénol) – protègent aussi des déficits cognitifs, empêchent la perte d’acétylcholine et suppriment l’inflammation caractéristique de nombreuses maladies neurodégénératives. Certains composés agiraient même en synergie avec la caféine pour limiter l’inflammation et la progression de la maladie d’Alzheimer », souligne Astrid Nehlig. Deux études récentes ont également montré l’effet de l’acide chlorogénique sur l’humeur, les maux de tête et la fatigue mentale (3).
Un rôle protecteur
La consommation de café pourrait être, en outre, intéressante pour prévenir la maladie de Parkinson (effet lié à la caféine), les calculs rénaux (effet de la caféine et d’autres composants du café). Mais aussi, certains cancers : car la caféine prévient l’apoptose et les diterpènes ont des propriétés anti-carcinogéniques et anti-génotoxique, luttant ainsi contre le stress oxydatif. Les acides chlorogéniques et caféiques, quant à eux, sont des antiradicaux libres. « On a montré que sur des cultures cellulaires de lignées cancéreuses de côlon, la caféine limite la croissance de ce cancer. La caféine et les diterpènes auraient également un rôle protecteur sur le cancer du sein. L’acide chlorogénique et la caféine pourraient aussi contribuer à prévenir le cancer de l’endomètre et les antioxydants exercent un rôle protecteur dans le cancer du foie », précise Astrid Nehlig.
Une chose est sûre, nous ne sommes pas tous égaux devant la caféine : certains sont des métaboliseurs lents et d’autres rapides. Ces derniers ont besoin de boire plus de café sur une même journée pour maintenir les effets de la caféine.
En outre, si cette dernière est utilisée dans certaines crèmes amincissantes, boire du café ne fait pas maigrir. Enfin, la caféine protégerait la peau des méfaits des UVA et UVB et pourrait, à l’avenir, entrer dans la composition des crèmes solaires.
Avec le soutien du Syndicat français du café
(1) http://www.santeetcafe.com?
(2) Réf 15 du chapitre XI du livre Santos et al 2010?
(3) Réfs 21 et 22 du chapitre XVII du livre : Cropley et al 2012 et Camfield et al 2013
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