Emblème du corps médical, le caducée est le plus ancien des symboles de la médecine. Composé d'un faisceau de baguettes autour duquel s'enroule le serpent d'Epidaure et que surmonte le miroir, il ne ressemble plus de plus que de loin au caducée d'Hermès-Mercure, dieu de la médecine dans l'Antiquité, qui comporte deux serpents entrelacés et affrontés, entourant une baguette pourvue de deux petites ailes.
Aujourd'hui, loin d'Esculape et d'Epidaure, d'Hermès et d'Hippocrate, le caducée représente toujours la médecine et les médecins, mais dans un aspect bien plus prosaïque. Ce petit logo, apposé sur la plage avant d'un véhicule, permet en effet aux médecins de ne pas payer de droit de stationnement, du moins lorsqu'ils rendent visite à un malade. «Mais attention, prévient le Dr Patrick Bouet, du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), il s'agit plus d'une tolérance que d'un droit véritable. De plus, le médecin est théoriquement tenu de mettre la première pièce dans le parcmètre, afin de pouvoir apposer le ticket de l'horodateur à côté du caducée.»
Voilà pour la théorie, car, dans la pratique, ils sont bien peu nombreux, les médecins qui garent leur voiture à proximité du domicile d'un patient et s'acquittent de cette obole, même symbolique.
Un passe-droit très limité.
Le Dr Bouet reconnaît d'ailleurs bien volontiers que cette tradition de «mettre le premier sou» tend à disparaître. La facilité accordée aux médecins dans le cadre d'une visite a de toute façon ses limites. Car un caducée n'autorise en aucun cas un médecin à se garer en dehors des places de stationnement régulières. N'espérez donc pas vous garer sur un trottoir, dans un couloir de bus ou sur un passage protégé, car une amende d'un montant bien supérieur à celui de la visite vous serait presque automatiquement infligée.
C'est à l'époque de la généralisation des parcmètres, il y a une trentaine d'années, qu'a été signé entre le Cnom et les pouvoirs publics un accord faisant bénéficier les médecins de cette facilité. «Mais si les médecins utilisent le caducée dans leur vie de tous les jours, ils se mettent en contravention avec la loi», poursuit Patrick Bouet. De même si c'est le conjoint, un enfant ou un ami qui utilise le véhicule. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le caducée n'est pas installé en fixe sur les voitures, mais juste déposé sur la plage avant, de manière qu'il n'apparaisse pas si le véhicule stationne pour une autre raison qu'une visite à un malade. La police est d'ailleurs habilitée à demander au praticien sa carte professionnelle pour s'assurer que le conducteur du véhicule est bien le médecin en personne.
Si bien que le caducée n'est en définitive qu'un sceptre de papier, qui donne bien peu de passe-droits. Pour en obtenir plus, il faut montrer patte blanche. Depuis le début des années 2000, la vignette « Urgences », dont disposent entre 1 500 et 2 000 médecins parisiens, urgentistes ou engagés dans la permanence des soins (PDS), leur permet de stationner sur certains emplacements interdits, sans risque de contravention. La préfecture de police les a aussi autorisés à emprunter les couloirs de bus en cas d'urgence, à condition toutefois de disposer d'un gyrophare.
Les médecins ne sont pas les seuls à disposer d'un caducée. Les infirmiers ont le leur, stylisé différemment, de même que les sages-femmes et les pharmaciens.
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