PENDANT les premiers six mois, le cabinet de télémédecine d'Aberdeen a vu défiler 100 patients de 19 à 85 ans, sélectionnés parmi ceux qui viennent aux urgences pour une consultation qui relève en fait du médecin généraliste (40 % de la population des urgences…). À ceux-là, on proposait une visite virtuelle et une visite en face à face avec le même médecin.
Le cabinet virtuel est équipé d'un écran, d'une caméra de visioconférence et d'une batterie d'instruments de mesure communicants (pression artérielle, température, oxymétrie, caméra pour voir les lésions, stéthoscope digital, etc.). Un opérateur aidait les patients à prendre les mesures. Une imprimante aurait même pu imprimer l'ordonnance…
Conclusions : côté médecin, le bon diagnostic a pu être posé dans plus de 97 % des cas dès la visite virtuelle que la consultation en face à face n'a fait que confirmer. Dans les autres cas, le médecin avait informé le patient de la nécessité de le rencontrer (palpation indispensable).
Côté patients, la séance de téléconsultation est apparue peu différente d'un face-à-face, car la qualité de la visioconférence en haute définition permet notamment de se regarder «les yeux dans les yeux».
Dans une zone rurale.
La deuxième phase a déjà débuté, elle concerne cette fois la consultation de médecine générale de l'hôpital d'Aberdeen, très fréquentée pendant l'été avec la fermeture des cabinets des « GP ». Entre 100 et 200 patients volontaires devaient être invités à consulter l'urgentiste du cabinet virtuel avant de passer devant le généraliste de l'hôpital. Une troisième phase sera menée à l'automne dans une zone rurale distante.
Ce concept, développé par Cisco sous le nom de HealthPresence, suscite beaucoup d'intérêt, surtout dans les pays anglo-saxons. Cisco a même imaginé des kiosques de télémédecine à installer dans les centres commerciaux pour les Américains qui n'ont pas de couverture sociale et auraient pu ainsi «parler à un docteur» en payant avec leur carte de crédit. Le kiosque fermé a été exposé dans quelques salons avant d'être abandonné au profit du cabinet ouvert.
Le scénario du futur, c'est plutôt aujourd'hui un réseau d'experts connectés accessible au patient à la demande. Cinq autres expériences pilotes ont démarré en Nouvelle-Zélande, en Australie et aux États-Unis, dans un environnement entreprise, où un médecin du travail virtuel sera disponible à tout moment.
Reste aussi à HealthPresence à trouver un modèle économique. L'acte de télémédecine n'est pris en charge que dans peu de pays. Mais l'expérience d'Aberdeen, présentée à Paris aux Assises du numérique (journée e-santé du 30 juin), est apparue par exemple comme une solution à certains problèmes de la médecine pénitentiaire, lorsqu'il faut déplacer les détenus sous escorte.
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