LES MAUVAISES LANGUES diront que les partenaires conventionnels se sont réunis pour rien vendredi matin. Les optimistes prétendront qu'ils ont préservé les bases d'un accord. Après trois heures et demie de négociation, l'assurance-maladie et les syndicats signataires de la convention – Csmf, SML et Alliance – ne sont pas parvenus à s'entendre sur le calendrier de revalorisation de la consultation des généralistes. Ce devait être «la der des ders», «la réunion de la dernière chance». Las. Une cinquième séance sera nécessaire mercredi au siège de l'Uncam pour clore une fois pour toutes cette laborieuse négociation tarifaire. «La séance a été courte, reconnaît le Dr Michel Chassang, président de la Csmf. Nous sommes convenus de poursuivre dans l'esprit du contrat conventionnel et de réserver en 2007 et 2008 une partie des économies réalisées par les médecins à la revalorisation de leurs honoraires comme nous l'avons fait les deux dernières années.»
Les syndicats de médecins demandent depuis plusieurs semaines le passage de la consultation des généralistes à 22 euros au premier semestre 2007 et à 23 euros fin 2007.
Désaccord sur le calendrier.
Dans l'esprit de la profession, la hausse du C à 23 euros doit coïncider avec la sortie des facultés à l'automne des premiers titulaires du nouveau diplôme d'études spécialisées (DES) de la discipline. Pour le directeur de l'Uncam, il en est tout autrement. «J'ai proposé aux syndicats une première étape de revalorisation à 22euros au cours du deuxième semestre de 2007 et de conditionner le passage du C à 23euros en 2008 aux résultats de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé», explique Frédéric Van Roekeghem. Le directeur de l'Uncam souhaite améliorer la prévention de l'iatrogénie, le dépistage du cancer du sein, l'accompagnement des pathologies chroniques, mais aussi réduire la prescription des arrêts de travail et d'antibiotiques. «Nous souhaitons accélérer cette dynamique avec un engagement plus personnalisé des médecins traitants», avance le directeur de l'Uncam.
Les syndicats s'opposent catégoriquement à ces nouvelles orientations. «Nous refusons d'aller dans cette direction, affirme le Dr Chassang. Nous reviendrons mercredi pour examiner les nouvelles pistes proposées par l'Uncam. Il n'y a pas d'échec, rien n'est perdu.»
La Csmf a considérablement adouci son discours après avoir brandi mercredi la menace d'une journée nationale de mobilisation si la négociation venait à échouer (« le Quotidien » du 2 mars). Les syndicats signataires semblent avoir accepté que l'augmentation du C n'intervienne finalement qu'en 2008. La semaine dernière, la Csmf proposait de lier cette revalorisation à la mise en place de la classification commune des actes médicaux (Ccam) clinique. La branche spécialiste du syndicat, l'Umespe, demande que la négociation de mercredi englobe également la deuxième étape de la Ccam technique et les mesures tarifaires pour les spécialités pénalisées financièrement par la réforme. Le directeur de l'Uncam a réaffirmé son souhait d'aboutir à un accord. Il concède toutefois que les demandes des syndicats de médecins lui paraissent «très élevées».
A l'issue de la réunion, le Syndicat des médecins libéraux (SML) relativise les «tensions artificiellement avivées», estimant que la négociation est «partiellement débloquée». Son président, le Dr Dinorino Cabrera, se veut philosophe : «Il faut parfois laisser du temps au temps pour que les situations se décantent.»
« Un accord néfaste », selon les opposants.
Les syndicats opposés à la convention n'ont pas manqué de déplorer la nouvelle échéance que se sont donnée les partenaires. Pour MG-France, «une nouvelle fois, l'assurance-maladie et les syndicats minoritaires sont sans surprise parvenus à un accord néfaste pour les médecins généralistes qui ne verront pas leurs tarifs alignés sur ceux des autres spécialistes. Toutes les ficelles et arguties sont utilisées pour empêcher l'accès légitime des médecins généralistes à l'ensemble de la nomenclature des médecins spécialistes, alors que même le ministre de la Santé déclare son soutien à leurs revendications». Le syndicat réclame la possibilité pour l'ensemble des médecins généralistes le droit au CS à 23 euros et aux majorations (MPC et MCS) pour porter la consultation à 28 euros et lutter contre «la crise démographique majeure» de la profession.
Avec la Fédération des médecins de France (FMF), Espace Généraliste et l'Union collégiale des chirurgiens, médecins et spécialistes français (Uccmsf), MG-France a également appelé tous les omnipraticiens à adresser sans délai à leur conseil départemental de l'Ordre des médecins leur demande de qualification de spécialiste en médecine générale, «première étape pour accéder à l'ensemble de la nomenclature spécialisée».
Seulement 31 % des MG prêts à appliquer un dépassement
Selon un sondage BVA paru chez notre confrère « le Généraliste », seulement 31 % des médecins généralistes se déclarent prêts à appliquer une consigne de revalorisation tarifaire non prévue par la convention si les négociations tarifaires ne permettent pas l'alignement du C sur le CS. Quarante et un pour cent des 504 médecins sondés affirment qu'ils n'appliqueraient certainement pas de hausse tarifaire et 17 % qu'ils ne la demanderaient sans doute pas. Selon le même sondage, 51 % des Français se disent défavorables à l'augmentation du C de 2 euros «pour aligner le prix de la consultation sur le tarif de base des médecins spécialistes», contre 47 % qui trouvent cette revendication justifiée.
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