LE DEBAT sur la réforme de l'assurance-maladie a duré cent cinquante heures. Il en a fallu beaucoup moins pour que l'Assemblée nationale achève l'examen en première lecture du très succinct ( « ramassé », ironisent certains députés) projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) 2005. Le texte est soumis aujourd'hui au vote solennel de l'Assemblée. Seuls les députés UMP approuveront ce budget qui prévoit de ramener le déficit de la branche maladie de 13,2 à 8 milliards d'euros l'année prochaine. La gauche votera contre et les députés UDF devraient, au mieux, se partager entre le rejet et l'abstention.
François Bayrou avait annoncé la couleur en déclarant que le projet de loi défendu par Philippe Douste-Blazy, son ancien ami centriste rallié à l'UMP, n'était que « mystification » et que les économies affichées en 2005 (2,9 milliards d'euros) ne seraient en aucun cas au rendez-vous. Jean-Luc Préel, chef de file des centristes sur la santé, annonce même le pire. « Un Ondam irréaliste (3,2 %) , non médicalisé, un comité d'alerte (sur les dépenses) , nous sommes en plein dans la maîtrise comptable ! ». Outre des économies « aléatoires », l'UDF reproche au ministre de la Santé d'ignorer dans ses prévisions nombre de dépenses inévitables comme l'accompagnement de la nouvelle Ccam technique, la revalorisation des chirurgiens, la rémunération du médecin traitant et des spécialistes consultants.
La Sécu peau de chagrin (PS).
Pas en reste, les socialistes ont accusé le gouvernement de « mettre la Sécurité sociale en faillite ». Pour Alain Claeys, secrétaire national du PS à la santé, le « travail de liquidation » du gouvernement « fait son œuvre » réduisant comme « peau de chagrin » la couverture maladie solidaire. « Abandon » de la maîtrise, revalorisation des actes « sans contrepartie », « liberté tarifaire » accordée aux spécialistes, report de la dette « sur les générations futures », « machine à dérembourser » : les attaques du PS avaient cependant un air de déjà-vu, deux mois après le débat parlementaire sur la réforme de l'assurance-maladie. Le député communiste Maxime Gremetz a raillé un ministre de la Santé qui se prend pour « Superman », en promettant de faire aboutir en deux ans un outil (le dossier médical pour tous) qui n'est pas au point au Royaume-Uni après une décennie de travail.
Souvent accusé de présenter un budget « non sincère », le gouvernement a condamné les « procès d'intention » et pris au mot ses détracteurs, qui lui donnent déjà rendez-vous au printemps. « Nous verrons les chiffres, a répondu Xavier Bertrand, omniprésent dans le débat . J'observe que vous ne commentez pas ceux de la semaine dernière. » La Cnam avait relevé des résultats encourageants sur les dépenses d'indemnités journalières et d'honoraires ou encore la baisse des prescriptions d'antibiotiques.
Seule l'UMP est venue au secours du gouvernement. Yves Bur (Bas-Rhin) a justifié un Ondam « exigeant » pour tous les secteurs de soins. Les hôpitaux ? Ils ne peuvent plus être une « boîte noire où se perd l'efficacité des milliards d'euros engloutis ». La médecine de ville ? Il faudra « lier l'évolution des honoraires et le respect d'objectifs clairement définis et quantifiés ».
Le Sénat examinera à son tour le Plfss du 16 au 18 novembre.
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