Selon le projet de loi de finances pour 2003 présenté mercredi par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le budget de la Recherche pour l'année prochaine s'inscrit en légère baisse (- 0,9 %) par rapport à 2002.
Pourtant, la veille, le Premier ministre avait assuré que le budget de la recherche serait en « augmentation ». Etait-ce par rapport aux prévisions de cet été qui s'annonçaient douloureuses pour le monde des chercheurs ? Dans les couloirs, on dit que la ministre déléguée à la Recherche, Claudie Haigneré, avait bataillé ferme pour éviter que la recherche publique ne fasse les frais de la rigueur budgétaire, jusqu'à menacer de quitter sa fonction.
Selon le ministère de la Recherche, les crédits 2003 seront complétés par les crédits publics non consommés en 2002 et « qui s'élèveront vraisemblablement à plus de 720 millions d'euros ». « Ce seront ainsi plus de 9,5 milliards d'euros de ressources publiques qui seront disponibles pour soutenir l'effort national de recherche et de développement », souligne-t-on au ministère.
Bienvenue dans le monde de l'apesanteur politique.
Dans une lettre ouverte écrite au « Figaro » (16 juillet), Claudie Haigneré se montrait optimiste. « Le président de la République et le Premier ministre ont fixé pour objectif à notre pays d'amener le montant de la Dird (dépense intérieure de recherche et de développement) à 3 % du PIB à l'horizon 2010 », contre 2,2 % en 2001. « Pour atteindre ce niveau d'investissement, l'élan donné à la recherche publique et à l'innovation doit servir de levier à l'ensemble de la recherche nationale », ajoutait-elle. Dès septembre, son enthousiasme était pourtant plus modéré : « Un budget n'est qu'un des outils pour réaliser une politique », expliquait-elle au « Quotidien » (13 septembre).
Parmi les mesures inscrites au projet de budget, figurent la revalorisation de 5,5 % du montant des allocations versées aux jeunes chercheurs et le financement de 400 contrats pour des postdoctorants. Cent emplois d'ingénieurs et de techniciens sont créés pour alléger la tâche des chercheurs. Une réduction du nombre d'emplois permanents (- 150) est prévue dans le budget mais cette réduction « est plus compensée par l'accroissement des effectifs dans l'enseignement supérieur (+ 420) et le recrutement de 400 postdoctorants », indique-t-on au ministère.
L'ancien ministre de la Recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg, se montre plutôt insensible aux chants des sirènes. « Les budgets d'avenir - Education, Culture, Recherche - sont sacrifiés », commente-t-il, tandis que Jack Lang, ancien ministre de l'Education nationale s'inquiète de la remise en cause, en grande partie, de l'enseignement des sciences à l'école, de l'éveil culturel, de l'achat de livres de littérature, et de la formation continue des enseignants.
Les crédits consacrés à l'environnement sont en stagnation
Le budget du ministère de l'Ecologie va stagner en 2003 à 768,2 millions d'euros, après une augmentation continue sous le précédent gouvernement. Selon Bercy, le budget accuse une baisse de 0,2 % sur celui qui avait été voté en 2002 (769,4 millions d'euros). Compte tenu de l'inflation prévisible (1,5 % selon Bercy), il est en fait en régression.
La ministre de l'Ecologie Roselyne Bachelot a jugé « les variations (entre 2002 et 2003) négligeables ». Elle a confirmé qu'aucun poste d'inspecteur des installations industrielles à risque ne sera créé l'an prochain. Les effectifs du ministère sont stables à 3 476 emplois. En revanche, 200 postes d'inspection seront créés de 2004 à 2007, auxquels il faut ajouter 200 postes affectés par redéploiement, a-t-elle précisé. La lutte contre les inondations, « l'une des priorités du ministère », fait l'objet d'une enveloppe de 42 millions d'euros, inchangée par rapport à 2002. Les 130 millions d'euros de crédits sur quatre ans destinés à mettre en place des zones d'expansion des crues dans 15 bassins fluviaux pilote, annoncés cette semaine à Nîmes par la ministre, concerneront les budgets 2004-2007. « Il faudra améliorer d'au moins 50 % les crédits inondation à partir de 2004 », a estimé Mme Bachelot.
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