L'IMPORTANCE d'une bonne santé bucco-dentaire n'est plus à démontrer : on en connaît les avantages pour l'état général et la vie relationnelle à tous les âges de la vie.
En 2001, à l'initiative de l'Institut de prophylaxie infantile de la Cpam de Paris, une enquête a été réalisée sur 298 personnes âgées (moyenne d'âge 87 ans) réparties dans trois Ehpad (établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes) représentatifs de l'Est parisien. Elle a montré un état bucco-dentaire gravement altéré : 88 % des personnes âgées dépendantes avaient besoin d'une consultation dentaire et 66 % d'entre elles n'avaient pas consulté un chirurgien-dentiste depuis au moins cinq ans. Les besoins prothétiques n'étaient que peu pris en compte : 23,8 % étaient totalement ou partiellement édentées, un tiers (37,3%) étaient appareillées. Selon les critères d'attribution d'appareillage de la Sécurité sociale, 59 % des pensionnaires avaient besoin au moins d'une prothèse partielle et le pourcentage passait à 77 % en intégrant les appareils existants inadaptés. Enfin, l'hygiène dentaire quotidienne était soit inexistante, soit inappropriée (72,7 % des pensionnaires appareillés présentaient des dépôts sur leur prothèse...).
Depuis cette enquête, la situation n'a guère changé. En 2005, on estime que trois personnes âgées sur quatre n'ont pas une bouche qui leur permet de s'alimenter correctement. Les conséquences sont sérieuses : de la dénutrition à des infections générales qui aggravent encore leur état de santé.
Face à ce constat, la Cpam de Paris et l'Ufsbd ont uni leurs compétences. La création de l'unité mobile de soins dentaires nommée Bucco-Bus est leur action la plus spectaculaire. Cette solution innovante, soutenue par le Conseil national de l'Ordre des chirurgiens-dentistes, répond aux difficultés d'accès aux soins des personnes dépendantes en institution (cabinets des dentistes libéraux inaccessibles aux personnes dépendantes, peu de cabinets dentaires dans les institutions, formation inadaptée des dentistes pour les personnes dépendantes..).
A partir de mars.
Cette unité comprend un cabinet dentaire équipé adapté aux personnes dépendantes, une radiographie numérisée, un cabinet de prothèse avec un prothésiste, pour des réparations prothétiques simples, des rebasages des prothèses (réadaptation de la prothèse sur les maxillaires) et pour l'identification des prothèses (introduction d'une puce électronique pour éviter la perte fréquente des prothèses dans le linge sale et les restituer au patient concerné). Dotée d'une nacelle élévatrice facilitant son accès, cette unité stationnera devant des institutions (dix ont été choisies à Paris pour les mois à venir).
Des dentistes libéraux, préalablement formés à ces soins spécifiques, donneront les soins adaptés (caries, extractions, soins parodontaux, réhabilitation des prothèses, prothèses..). Ils utiliseront leurs feuilles de soins. A partir de mars, 1 600 personnes âgées seront concernées par cette action pilote, qui pourrait constituer la base d'un modèle de prise en charge de l'ensemble de cette population.
Le budget de cette plate-forme s'élève à 200 000 euros, financé par le Fonds d'amélioration de la qualité des soins en ville (Faqvs) et le conseil régional d'Ile-de-France.
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