ON SAVAIT bien que le bruit est néfaste pour la santé. Mais un travail européen, sous la houlette de chercheurs britanniques, vient d'en chiffrer les méfaits. Et les nombres avancés sont étonnamment bas, quant il s'agit du retentissement sur la pression artérielle. Le tout pendant que les sujets restent endormis. Des médecins de l'Imperial College de Londres, ainsi que d'autres institutions européennes, ont enregistré le sommeil de 140 volontaires à leur domicile. Ils résidaient à proximité de Londres Heathrow ou de trois autres aéroports européens.
Pendant leur sommeil, leur pression artérielle était enregistrée, à distance, toutes les 15 minutes. Les données ont été ensuite confrontées à l'enregistrement du bruit dans la chambre. Dès qu'un événement bruyant survenait, c'est-à-dire dépassant 35 décibels, la pression artérielle s'élevait. Ces perturbations peuvent être un avion qui passe au-dessus de la maison, la circulation des voitures ou le ronflement du conjoint. Cette élévation tensionnelle survenait alors que le volontaire restait endormi et ne prenait pas conscience de la gêne provoquée.
Elévation tensionnelle liée au niveau sonore.
Le passage d'un avion occasionnait une élévation moyenne de la pression systolique de 6,2 mmHg et de la diastolique de 7,4 mmHg. Des chiffres similaires ont été relevés avec les autres nuisances, dont la circulation automobile. Qui plus est, l'élévation tensionnelle était liée au niveau sonore. Il apparaît que, à chaque augmentation de 5 dB du bruit maximal des avions, la pression artérielle augmentait de 0,66 mmHg (NDR : l'impression de volume sonore double tous les 3 dB). Il apparaît que le volume du bruit est bien le responsable de l'augmentation tensionnelle et non pas son origine. Le travail mené par Lars Jarup et coll. (Londres) constitue le second volet d'une étude plus vaste : le projet HYENA (HYpertension and Exposure to Noise near Airports). Le premier avait montré que les personnes résidant à proximité d'un aéroport depuis plus de cinq ans ont un risque d'HTA supérieur à celui de la population générale. Une élévation de 10 dB des nuisances sonores dues au trafic aérien majore de 14 % le risque d'HTA. Le projet a enrôlé 5 000 volontaires résidant auprès des aéroports internationaux de Londres, de Berlin, d'Athènes, de Milan, d'Amsterdam et de Stockholm. Les suites du travail vont s'intéresser à l'association nuisance sonore-pollution dans la survenue de cardiopathies.
« European Heart Journal » 13 février 2008.
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