Tourisme
A CHEVAL SUR L'ÉQUATEUR, ce micropays accorte, campé dans le golfe de Guinée à quelque 300 kilomètres au large du Gabon, à de quoi satisfaire les envies du visiteur le plus exigeant.
Le paysage, d'origine volcanique, y est tourmenté avec une forêt équatoriale primaire dense, des pics érodés dont le Pico de São Tomé qui culmine à 2 024 mètres entre torrents et cascades, des falaises abruptes sur la mer et des plages de sable blanc ou noir. São Tomé est la luxuriance même avec une biodiversité remarquable par sa forte endémicité ainsi qu'une faune et une flore dont l'importance est avérée dans le patrimoine naturel mondial et d'un grand intérêt médicinal : pas moins de 25 espèces d'oiseaux exotiques et plus de 120 variétés de végétaux sont endémiques à l'archipel.
L'île chocolat.
Peuplée dès sa découverte au XVe siècle par les Portugais, l'île a été exploitée, jusqu'à leur départ en 1975, sur la base du système des « roças », des grandes plantations cacaoyères dont les vestiges de quelques propriétés à l'architecture coloniale témoignent d'une époque grandiose bien révolue.
Surnommée « l'île chocolat », Sao Tomé dominait, il y a à peine un siècle, la production mondiale de cacao. En quantité et en qualité, car cette fève a la réputation de procurer le chocolat le plus fin qui soit. Le temps a passé et la « roça Agostino Neto », qui fut la plus grande plantation de l'île, est aujourd'hui inactive et devenue un lieu de jeu pour les innombrables gamins.
Cependant, à la « roça Bela Vista » dans le nord de l'île, des jeunes filles au corps fuselé et à la peau satinée - couleur chocolat - continuent de perpétrer la tradition noble du cacao : récolte, écabossage, fermentation, séchage et criblage des fèves. Ces graines exigent une courte fermentation pour donner les grands chocolats indispensables à la concoction de ganaches, glaces, entremets et autres palets, au plus grand ravissement des nos papilles gustatives...
La « roça Monte Café », avec ses vieilles dépendances, témoigne elle de ce qui fut par le passé la plus grande et la plus prospère plantation de café de São Tomé. D'ici est parti un café réputé dans le monde entier.
Si beaucoup de ces propriétés ont été laissées à l'abandon, créant ainsi des forêts secondaires appelées « capoeiras », un certain nombre ont été heureusement réhabilitées en hôtels ou auberges.
Une nature luxuriante.
La culture des produits de rente comme le café et le cacao ont permis le maintien d'un important couvert forestier. L'extravagance des végétaux est constante dans cette immense jungle humide et chaude, baignée de soleil et de couleurs vives : figuiers étrangleurs, flamboyants, arbres à quinine, poivriers, caféiers, jacarandas, manguiers, bégonias géants, canneliers, kapokiers rouges et bien d'autres espèces qui resteraient sans nom pour le visiteur s'il n'y avait une petite plaque au pied de chaque espèce. En tout, 800 variétés végétales dont une centaine d'orchidées s'offrent au regard ébloui du passionné de nature qui sommeille en tout un chacun.
Les amateurs de marche ont aussi là le loisir d'effectuer des balades à travers la jungle opulente pour admirer, en spectateurs privilégiés, la prodigieuse diversité du paysage et sa frénétique transmutation en couleurs, mouvements et rythmes. Ici quelque chose d'éblouissant, là-bas autre chose de bruissant et partout un panorama magique et délicat.
Au parc naturel Obo, plusieurs sentiers de forêt sont tracés ; ils passent par le Bom Sucesso situé à 1 115 mètres d'altitude, le Lac Amélia avec son étrange cratère au cœur de la forêt ou la fameuse cascade de São Nicolau.
Mais le spectacle est partout, au quotidien. Ainsi des lavandières qui, dès l'aube, à l'heure où les pêcheurs rejoignent la côte sur leurs longues pirogues de fortune avec quelque poissonnaille, se dirigent vers les rivières chargées de paniers de linge. Là, leurs jupes relevées haut, elles trempent, savonnent, frottent, battent sur la pierre, tordent à faire crier « tchisss » des tas de hardes, nippes, chiffes et autres fripes aux couleurs éclatantes qu'elles étalent enfin, tout savonnés, au soleil, sur les roches du rivage.
Un jardin à protéger.
Les effets pervers de la nouvelle donne mondiale, la privatisation des terres agricoles et l'avènement du pétrole comme ressource primordiale dans l'économie de l'archipel auront-ils raison du fragile écosystème de l'île ? Les autorités locales sont décidées à préserver l'environnement écologique de l'archipel. Un dialogue est engagé pour éviter la consomption des ressources naturelles comme le bois ou le sable des plages, la prédation des tortues marines ou le braconnage des perroquets gris de Principe.
D'autres projets sont à l'étude comme développer l'apiculture en milieu paysan, préserver les orchidées de São Tomé ou protéger les singes « mona », seule espèce de primates vivant sur l'île. L'écotourisme est une autre alternative retenue pour valoriser la biodiversité de l'archipel.
De SãoTomé - le nom de l'île et de la capitale, en réalité un bourg paisible qui ne devient débordant d'activité que le temps du marché - on ne manquera pas de traverser l'île jusqu'à São João dos Angolares afin d'embarquer pour l'île des Tourterelles, « Ilheu Das Rolas », à une demi-heure de là. La route est jolie avec ses petits villages fourmillant d'enfants radieux, ses habitations sur pilori en bois aux couleurs pastel, ses échoppes de fortune proposant de l'alcool de palme au goût suave. Quant à l'île, encore préservée du tourisme, elle est tout simplement idyllique avec son lagon bleu azur aux eaux chaudes et transparentes et ses magnifiques plages de sable doré.
Il ne reste plus qu'à trouver le courage d'interrompre son farniente pour franchir symboliquement la ligne de l'équateur qui passe à quelques dizaines de mètres de là.
Et pas de panique si vous ratez un soir le tchiloli, un spectacle dansé et mimé qui se déroule sur la place du village, sur une scène vite improvisée et ornée de feuilles de cocotiers, de fougères et de fleurs. Les acteurs sont pêcheurs ou agriculteurs dans la vie et se transmettent le rôle et le costume de père en fils depuis le... XVIe siècle ! Affublés de redingotes, bicornes et couronnes de papier doré, dans un décor de bric-à-brac anachronique, ils pavanent aux rythmes surannés du tambourin, de la flûte et des maracas et accomplissent branles, contredanses et dandinements, s'exprimant dans un portugais archaïque pour une pièce unique : la tragédie du marquis de Mantoue après l'assassinat d'un des siens par Carlotto, le fils de l'empereur Charlemagne. La scène, à la fois désuète et élaborée, est un superbe tableau sans cesse renouvelé.
L'art au pays des Angolares
La Roça São João, sur les hauteurs du village Dos Angolares, est aujourd'hui un espace culturel regroupant sous le même toit des ateliers de peinture, une galerie d'expositions, un théâtre, un centre de lettres et un gîte d'étape avec beaucoup de charme.
Sous la houlette du sémillant professeur et maître des lieux João Carlos Silva, une poignée d'artistes y réinventent le monde dans un cadre fabuleux.
Ainsi de Nezo (Joao Carlos, de son vrai nom), peintre, sculpteur et chanteur de talent qui a déjà exposé à Paris, Lisbonne, Lagos ou Luanda, des œuvres contemporaines d'une grande maturité placées sous le signe du poisson.
Ou du jeune sculpteur Nely (Nelito Fernandes Pereira), qui derrière sa bonhomie joviale et son regard souriant cache une acuité et une créativité prodigieuses. Ses œuvres, d'une belle finesse et d'une grande beauté, ont été conçues avec des matériaux de récupération comme le bois d'épave ou l'os de baleine ramassés sur la plage.
Pour partir
Transports :
Air Luxor (tél. 0 820 822 300 - site web : www.airluxor.com) assure 2 vols hebdomadaires sur São Tomé, au départ de Paris, avec une escale d'environ 2 heures à Lisbonne, à partir de 800 euros. Cette jeune compagnie aérienne portugaise offre des prestations de qualité et un service raffiné et personnalisé à des prix très compétitifs.
Formalités :
Passeport en cours de validité. Un visa de tourisme est exigé (40 euros). Obtention auprès du consulat à Marseille - 73, cours Pierre-Puget, 13006 Marseille - tél. 04.91.37. 58.02. - fax 04.91.53.95.72. - email : consulat@sao-tome.st.
Décalage horaire :
Moins 2 heures et moins 1 en été.
Langues
Langue officielle : le portugais. Le français est la première langue parlée, suivi de l'anglais.
Santé :
Vaccination anti-amarile obligatoire et traitement antipaludéen recommandé. Il est conseillé d'emporter avec soi une petite « trousse tropicale ».
Monnaie et taxes :
Le dobra est la monnaie locale non convertible. Il est recommandé de se munir de devises (euros ou US dollars). Les cartes de crédit ne sont pas ou très peu acceptées. Une taxe d'aéroport de 20 euros est exigible au moment de quitter São Tomé.
Climat :
Climat équatorial idéal toute l'année avec une température moyenne de 25°. En mars et avril, le relief génère des microclimats avec averses rapides et brutales mettant en valeur l'abondante végétation. Le reste de l'année, le temps est au beau fixe avec une eau de mer à 28° en permanence.
Séjours :
- Le Club Santana ( tél. 00 239 24 24 00, fax 00 239 22 16 64, email : santana@cstome.net ) propose 31 bungalows disséminés dans la végétation tropicale en bord de mer. Ce village est idéal pour un séjour de tranquillité en communion avec la nature. Il faut compter environ 140 euros par chambre en double et en demi-pension.
- l'agence World Travel Agency ( tél. 01.53.53.73. 00, email : wta2@wanadoo.fr) propose un forfait de 7 jours à São Tomé, vol A/R compris sur Air Luxor, à partir de 1 740 euros par personne en demi-pension, sur la base de deux personnes.
- Club Aventure (tél. 0 826 88 20 80, site Web : www.clubaventure.fr) offre un séjour de trek de 9 jours avec 5 jours de marche, à partir de 1 199 euros.
Pratique :
Pour visiter l'île et étant donné l'état des routes, il est conseillé de louer un véhicule 4 x 4 avec chauffeur. Contacter Mistral Voyages - tél. 04.91.54.73.71 - fax 04.91.53.95.72 - email : info@mistralvoyages.com.
Renseignements :
- Office de tourisme de Sao Tomé, 124, boulevard Haussmann, 75008 Paris. Tél. 01.44.69.34.50 ; fax 01.44.69.34.51 ; email : infomaurice@ot-maurice.com. Site Web : www.sao-tome.st
- Consulat de São Tomé & Principe à Paris - 144, bd Haussmann, 75008 Paris - tél. 01.53.53.73.47. - fax 01.42.25.01.65. - email : consulat.saotome@wanadoo.fr
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