LES PRÉPARATIONS pour inhalation sont connues depuis des siècles. Elles sont mentionnées dans les vieux traités de pharmacie sous les noms les plus divers : fumigations, cigarettes médicinales… et leur caractère empirique a longtemps fait douter les praticiens de leur valeur réelle. Plus récemment, face à l'accroissement des allergies respiratoires, il est apparu nécessaire de développer une thérapeutique spécifique des voies aériennes qui a donné naissance à une nouvelle génération de médicaments présentés sous forme de particules aérosols. «Aujourd'hui, les principales recherches visent à se servir de la membrane pulmonaire comme voie d'entrée dans l'organisme pour de nombreuses molécules qui peuvent agir par voie systémique à très faible concentration: insuline (Exubera déjà commercialisé aux États-Unis), hormones, peptides, protéines…La principale difficulté au niveau de la formulation est d'obtenir des particules de 1 à 5microns. Pour cela, il faut énormément d'énergie, donc d'échauffement et un risque de dégradation du principe actif. C'est là tout le challenge», explique le Pr Thierry Vandamme (faculté de pharmacie, Strasbourg).
Des particules de l'ordre du micron.
Pour être absorbées, les particules dispersées dans la phase gazeuse doivent atteindre les alvéoles pulmonaires et, en conséquence, elles doivent avoir un diamètre voisin ou inférieur à 1 micromètre. En effet, selon la dimension des particules, différents niveaux de rétention peuvent intervenir le long du tractus respiratoire : les parois nasale et pharyngée pour les particules supérieures à 30 microns, les bronches pour les particules de 10 à 20 microns et les bronchioles pour celles de 10 à 3 microns. Toutefois, si l'aérosol doit être de la taille d'un micron pour atteindre l'épithélium alvéolaire, il ne doit pas être trop fin pour s'y fixer : soumises au mouvement brownien, les particules d'une taille submicronique restent en suspension dans l'air inspiré et sont rejetées lors de l'expiration. En pratique, il est utile de recommander au patient de ménager une pause respiratoire en fin d'inspiration pour augmenter le temps de contact particules-tractus et faciliter ainsi leur dépôt.
Nébuliseurs et inhalateurs pour liquides
Il existe trois catégories de préparations liquides pour inhalation :
–Les préparations converties en vapeur
Ce sont les plus anciennes. Elles sont généralement ajoutées à de l'eau chaude et la vapeur générée est inhalée dans un dispositif particulier.
–Les nébuliseurs
On distingue deux grands types de nébuliseurs : les plus anciens convertissent les liquides en aérosols sous l'effet de gaz sous pression, les plus modernes utilisent des vibrations ultrasoniques.
Les nébuliseurs à air sont constitués d'une source de gaz sous pression (bouteille ou compresseur) réglée de façon à donner un débit voisin de la ventilation pulmonaire (15 l/min) et d'une chambre de nébulisation, en général en matière plastique à usage unique de préférence, ou très facile à nettoyer avec des embouts buccaux, nasaux ou encore des masques utilisés de façon préférentielle chez les enfants. «Cette forme est surtout utilisée par les malades chroniques», souligne le Pr Thierry Vandamme.
–Les inhalateurs pressurisés à valves doseuses
Ce sont les formes pharmaceutiques pulmonaires les plus utilisées (77 %). «Les inhalateurs présentent de nombreux avantages, notamment le fait qu'ils peuvent être utilisés en ambulatoire et qu'ils permettent d'atteindre un compartiment ciblé bien spécifique. Cependant, ils présentent un prix plus élevé que les autres formes car leur technologie est plus sophistiquée», déclare le Pr Thierry Vandamme. Les aérosols doseurs fonctionnent tête en bas et nécessitent une bonne coordination main/poumon, ce qui n'est pas toujours réalisé. Des chambres d'inhalation peuvent être alors utilisées.
Pour remédier à ce problème, l'aérosol doseur autodéclenché a été développé (système Maxair Autohaler). Sont administrés sous cette forme des bêtamimétiques, des anticholinergiques, des corticostéroïdes, du cromoglycate de sodium… Les gaz propulseurs de type chlorofluorocarbone (CFC) ont été remplacés par des hydrofluoroalcanes (HFA).
Les inhalateurs de poudre
Il existe deux systèmes :
– les inhalateurs à doses préconditionnées qui sont chargés avec des unités de prise (capsules…) ;
– les inhalateurs comportant un réservoir de poudre. La dose unitaire à inhaler est déterminée par un mécanisme doseur intégré et la poudre est entraînée par le courant d'air tourbillonnaire.
La performance de ces systèmes s'appuie sur l'obtention de particules qui permettent d'augmenter les propriétés de libération du principe actif par divers moyens : cristallisation, micronisation, enrobage, microencapsulation…
D'après un entretien avec le Pr Thierry Vandamme (faculté de pharmacie, Strasbourg).
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