« La Famille Tenenbaum », de Wes Anderson

Le bonheur des névroses

Publié le 19/03/2002

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Cinéma

Voici encore un film, après ceux de Paul Thomas Anderson ou Tod Solonsz, notamment, qui prouve la stérilité des débats sur les qualités respectives des cinémas nationaux. A côté des superproductions à l'intérêt uniquement commercial ou des films réservés aux moins de 25 ans, les Américains peuvent signer des uvres intelligentes, ambitieuses voire même, mais oui, subtiles.

Wes Anderson, 32 ans, en est à son troisième film. Le premier, « Bottle Rocket », est inédit en France ; le deuxième, « Rushmore », est passé trop vite pour qu'on s'en aperçoive. Avec « la Famille Tenenbaum », le voici célèbre. Il faut dire qu'il a pu s'offrir quelques stars de calibre, comme Gene Hackman (Golden Globe du meilleur acteur), Gwyneth Paltrow, Ben Stiller et Anjelica Huston. Il faut préciser aussi que son histoire de famille a un ton tout à fait original.
Car la famille Tenenbaum compte quelques fortes personnalités. Le père, affublé du prénom de Royal (d'où le titre original, « The Royal Tenenbaums »), est un excentrique escroc. Les trois enfants sont, respectivement, des petits génies de la finance, de l'art dramatique et du tennis, jusqu'à ce que leurs parents se séparent. On les retrouve, à la trentaine, qui rivalisent dans la névrose et la dépression.
Wes Anderson et son co-scénariste Owen Wilson (qui incarne l'ami de la famille drogué jusqu'aux yeux) poussent chaque personnage jusqu'à l'extrême des traits choisis pour le définir. De même, la mise en scène stylise chaque séquence comme un épisode de feuilleton ou de bande dessinée.
De ce « Famille, je vous hais », Anderson fait une comédie acide et baroque dans laquelle les acteurs sortent avec bonheur des rôles qu'ils ont joué jusqu'à présent (à l'exception peut-être de Gene Hackman). Gwyneth Paltrow est méconnaissable, ce qui témoigne d'un talent qu'elle n'a pas toujours l'occasion de déployer. Anjelica Huston est à la fois chaleureuse et effrayante tout comme l'étonnant Luke Wilson. Bill Murray et Dany Glover ne sont pas moins savoureux. Et les nostalgiques apprécieront la bande son très années soixante-dix (Bob Dylan, Beatles, Beach Boys, Rolling Stones, Paul Simon...).

R. C.