Vos malades ont lu
« Le Nouvel Observateur », 3 janvier
On croit le tenir, parce qu'on a obtenu l'argent, les diplômes, la carrière, l'amour, le confort, la sécurité, qui semblaient en être les déterminants. Et il s'échappe, explique Boris Cyrulnik, érigé en spécialiste du bonheur depuis qu'il s'est fait le chantre de cette résilience dont il est lui-même un exemple, car le bonheur n'est pas le bien-être, si important que ce « bien-être » puisse être. Qu'est donc alors le bonheur ? Faut-il, pour le tenir enfin, avoir « une cathédrale dans la tête », à la façon du casseur de cailloux de Péguy ? Faut-il passer par l'obtention d'une « identité narrative », condition d'une construction, selon Paul Ricoeur ? Faut-il rencontrer des événements fâcheux, violences, maladies, maltraitances ? Faut-il retrouver une utopie, ou plus simplement un projet, une représentation de l'avenir ? Faut-il renoncer à la jouissance immédiate ? Faut-il compter sur le racisme, le fanatisme, l'intolérance, porteurs d'euphorie, voire d'extase ? Faut-il compter sur la rêverie, sur une foi, sur un lien social retrouvé ? Boris Cyrulnik envisage tous ces aspects de la question, mais au bout de huit pages, il revient à cet attachement de l'enfant à ses parents qu'il a étudié de près, pour souligner l'importance des représentations transmises par les parents pour l'aptitude au bonheur. Et pour finir, il préfère à l'éphémère bonheur chimique le bonheur qui se travaille, le bonheur que l'on va chercher en partant pour l'aventure.
Le XXIe siècle, l'âge d'or des antiviraux
« Pour la science », janvier 2002
Jusqu'au début des années quatre-vingt, souligne « Pour la science », il n'existait à peu près aucun médicament contre les virus. Les choses ont si bien changé en deux décennies que le mensuel peut présenter le XXIe siècle comme «l'âge d'or » des antiviraux, comme les années cinquante du XXe siècle auront été « l'âge d'or » des antibiotiques. Le mensuel décline alors les inventions humaines pour empêcher la pénétration ou la réplication du virus dans les cellules, pour perturber la réplication ou la transcription du génome viral, pour empêcher la dissémination des particules virales, pour fabriquer des leurres à l'intention du virus... Comment ne pas admirer cette débauche d'imagination, cette somme de travail, qui ont déjà bien modifié le paysage de la lutte antivirale ? Pourtant, il faut malheureusement en même temps admirer l'étonnante adaptabilité des virus qui ne cessent de trouver de nouvelles façons de résister et continuent d'étendre leurs ravages, tout particulièrement par le biais du sida en Afrique, en ex-URSS, en Asie du Sud-Est.
Soigner les agresseurs sexuels ?
« Le Journal des psychologues », janvier 2002
C'est sans ambiguïté que la psychologue du service médico-psychologique de la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy, interrogée par « le Journal des psychologues », se classe parmi les soignants et non parmi les auxiliaires de justice. Et pourtant, que d'ambiguïtés dans la tâche qui lui est confiée, puisqu'elle s'occupe « plus particulièrement » de patients auteurs d'agressions sexuelles. « La confusion entre la peine et le soin » est en effet fort aisée, quand la société tend à considérer les agresseurs sexuels à travers leur acte et non comme des personnes, quand les détenus ne sont certes pas obligés à consulter, mais nettement incités à le faire, non seulement par l'administration pénitentiaire, mais par les magistrats et les avocats, quand le tiers judiciaire risque de prendre une place bien encombrante dans la relation thérapeutique, quand se mêlent facilement l'objectif de soin d'une personne sujet de ses actes d'une part, l'objectif de diminution des récidives ou de « rééducation des criminels » d'autre part. Pourtant, la psychologue ne doute pas du « bien-fondé de (son) travail », car, « dans un grand nombre de cas, ces actes sont liés chez leur auteur à une souffrance, souvent occultée, ou dont les relations à l'acte sont occultées ».
Rêver pour la santé
« Isa », janvier 2002
« Isa », magazine féminin très axé « astro » en ce début d'année, accorde aussi au rêve (éveillé) une valeur essentielle. Rêver permet non seulement de passer plus agréablement les moments ennuyeux, non seulement de « nourrir ses ambitions », non seulement d'anticiper les plus belles inventions, mais encore de rester en bonne santé, ou mieux encore de contribuer à guérir. D'ailleurs, les méthodes de visualisation, d'abord lancées aux Etats-Unis par les Simonton, peuvent compléter « efficacement les soins médicaux habituels, et ce, pour de très nombreuses maladies », et contribuer à « la récupération des facultés de mouvement après immobilisation et dans les compétitions sportives », souligne « Isa». Sans rêves, il n'est point de projets, et sans projets, la dépression n'est pas loin, ajoute le magazine, qui avertit tout de même ses lectrices des risques de retombées douloureuses quand l'écart se creuse à l'excès entre le rêve et la réalité.
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