POUR LE Dr Richard Isnard (Paris), il est possible d'affiner la sélection des candidats potentiels à la greffe cardiaque par la mesure du BNP (B-type natriuretic peptide). Ses travaux, publiés dans l'« American Heart Journal » en octobre 2003, sont récompensés par le prix « Insuffisance cardiaque Novartis Pharma 2004 ».
Compte tenu de la pénurie de greffons disponibles, il est de plus en plus indispensable de sélectionner, parmi les malades en insuffisance cardiaque, ceux qui présentent, à court terme, le risque le plus élevé. Or ce tri est très difficile à faire chez des patients ambulatoires, à un stade où les chances opératoires sont optimales. A la mesure du pic de VO2, considérée actuellement comme le paramètre de référence pour établir une valeur pronostique, le Dr Richard Isnard propose d'associer la mesure du BNP, avec des résultats qui semblent très prometteurs.
L'auteur a étudié 250 patients en classes 2 et 3 de la Nyha et ayant une fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 45 %. Le protocole comportait une épreuve d'effort avec mesure de la VO2 max (qui n'a pu être réalisée de façon valide que chez 207 sujets) et un dosage de BNP et d'autres facteurs (ANP, NT pro ANP, endothéline et noradrénaline).
Après un suivi médian de 584 jours, 42 patients sont décédés et 5 ont eu une transplantation cardiaque urgente. Il est ainsi démontré que les patients ayant initialement un taux de BNP situé au-dessus de 260 pg/ml voient, à un an, leur risque de décès ou de transplantation urgente atteindre 31 %. Ce facteur se révèle le marqueur le plus puissant, suivi par la natrémie, la fréquence cardiaque au repos, l'endothéline plasmatique et le pic de VO2.
De plus, parmi les patients ayant un pic de VO2 inférieur à 14 ml/kg (critère habituellement retenu pour proposer une greffe), seuls ceux dont le taux de BNP dépasse la valeur médiane de 137 pg/ml ont, à court terme, un risque de mortalité suffisamment élevé pour justifier leur inscription sur liste de transplantation. Leurs chances de survie chutent à 71 % la première année et 59 % à deux ans, contre respectivement 100 et 89 % pour les autres sujets. Enfin, le BNP est le seul marqueur prédictif de mort subite (19 décès sur 42). En améliorant la stratification du risque chez l'insuffisant cardiaque, l'utilisation combinée du BNP et du pic de VO2 devrait permettre de pallier en partie le difficile problème du manque de donneurs.
Paris. Conférence de presse pour la remise du prix insuffisance cardiaque, Novartis 2004.
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