LE TRAITEMENT qu'ont utilisé des chercheurs américains dans une affection rare, le syndrome familial auto-inflammatoire au froid, ouvre des perspectives dans des affections plus fréquentes, également inflammatoires, et partageant avec ce syndrome la participation de l'interleukine 1.
Le syndrome étudié par Hal M. Hoffman et coll. (San Diego) et rapporté dans le « Lancet » se caractérise par l'apparition, après une exposition au froid, d'un rash cutané, d'arthralgies, d'inflammation oculaire et de fièvre. Dans les cas extrêmes, l'affection peut conduire à une défaillance rénale. Autosomal dominant, il fait partie du groupe des syndromes autoinflammatoires, dont le membre le plus célèbre est la fièvre méditerranéenne familiale.
L'équipe a identifié, en 2001, le responsable du trouble. Il s'agit d'une anomalie d'une protéine, qu'ils ont baptisée la cryopyrine. En activant la caspase 1, la cryopyrine favorise la libération d'IL1, qui déclenche la symptomatologie.
Un antagoniste du récepteur de l'IL1.
L'équipe californienne a donc tenté un traitement par un antagoniste du récepteur de l'IL1 (Il-1Ra), l'anakinra, chez 4 patients et 3 témoins indemnes. Une exposition au froid provoque chez les sujets atteints les symptômes attendus en une à quatre heures, avec une élévation de l'IL6 sérique et des leucocytes dans les quatre à huit heures. Les taux d'IL1 et d'ARNm de la cytokine ne s'élèvent pas au sein des leucocytes, mais au niveau cutané. Dans la seconde partie de l'essai, la thérapeutique a été administrée à raison de 100 mg par voie sous-cutanée vingt-quatre heures et une heure avant l'exposition au froid (quarante-cinq minutes dans une pièce à 4 °C). Ce traitement prophylactique par l'Il-1Ra amende la symptomatologie, hormis les élévations d'IL6 et des leucocytes.
Les recherches à venir sur le syndrome familial auto-inflammatoire au froid, concluent les chercheurs, devront s'orienter vers des approches avec l'II-1Ra ou d'autres antagonistes, à la fois sur un plus grand nombre de patients et sur des affections différentes génétiquement. Ces travaux sur les atteintes moléculaires et les pathologies qui en découlent au cours de syndromes auto-inflammatoires devraient permettre une meilleure compréhension des mécanismes de l'inflammation. L'objectif étant de viser le traitement d'affections inflammatoires plus répandues pouvant aller de l'athérosclérose à la maladie d'Alzheimer.
« Lancet », vol. 364, 13 novembre 2004, pp. 1779-1785.
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