Une étude pilote dans les suites du cancer du sein

Le bloc du ganglion stellaire permet de réduire les bouffées de chaleur

Publié le 15/05/2008
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LES BOUFFÉES de chaleur provoquées par une ménopause chirurgicale sont plus fréquentes et plus gênantes que lors de la ménopause naturelle. Chez les femmes en rémission après un traitement pour cancer du sein, elles sont décrites comme encore plus sévères, à même d'occasionner «des palpitations avec une importante diaphorèse, des nausées, des étourdissements, une anxiété, des céphalées, une faiblesse, un manque de sommeil, une dépression, des troubles de la sexualité». Comme cet inconvénient fait partie des effets secondaires des traitements donnés dans les suites du cancer du sein (antagonistes des estrogènes ou inhibiteurs de leur synthèse et inhibiteurs de l'aromatase), il est facteur de non- observance. Plus de 50 % des patientes qui souffrent de ces bouffées de chaleur sévères ont abandonné leur traitement au bout de six mois. Ce qui est fort préjudiciable, ces traitements permettant de réduire la récidive du cancer.

Eugène Lipov et coll. présentent une étude pilote dans laquelle ils ont évalué l'effet d'un blocage du ganglion stellaire sur les bouffées de chaleur sévères et sur les troubles du sommeil chez 13 femmes en rémission après le traitement d'un cancer du sein.

Sous anesthésie locale et sédation.

Le ganglion stellaire a été abordé par fluoroscopie et le bloc sympathique a été réalisé par injection de bupivacaïne. La procédure, réalisée sous anesthésie locale et sous sédation, a duré environ 10 minutes.

Les résultats ont été recueillis par autoévaluations des patientes qui ont rempli pendant 12 semaines deux questionnaires, le Hot Flush Score et le Pittsburgh Sleep Quality Index.

Les bouffées de chaleur et les insomnies se sont réduites substantiellement dès les suites immédiates de la procédure. Et les résultats à douze semaines sont qualifiés de très significatifs par les investigateurs.

Le nombre total des bouffées de chaleur est passé en moyenne de 79,4 à 49,9 par semaine après deux semaines, puis à 8,1 par semaine à la fin de l'étude (p < 0,0001). Les bouffées de chaleur très sévères ont disparu.

Le nombre des réveils nocturnes est passé d'une moyenne de 19,5 à 7,3 par semaine après les deux premières semaines, pour se stabiliser à 1,4 au bout des 12 semaines (p < 0,0001).

Une patiente contactée 37 semaines après le blocage du ganglion stellaire a rapporté n'avoir pas eu de récidive des bouffées de chaleur ni des éveils nocturnes.

Il n'y a pas eu d'effets secondaires liés à la procédure, hormis temporairement un syndrome de Claude-Bernard-Horner.

Lipov et coll. soulignent que ce travail est à leur connaissance le premier de la sorte et qu'il mérite des compléments d'information.

L'IRM au cours des bouffées de chaleur.

«Nous croyons que l'effet du blocage du ganglion stellaire est plus central que périphérique», expliquent-ils.

Les bouffées de chaleur pourraient être dues à un changement de la sensibilisation de la thermorégulation, par activation centrale du système sympathique. L'augmentation de la température centrale qui précède la bouffée de chaleur s'accompagne d'une augmentation de la norépinéphrine, métabolite cérébral. L'IRM a montré au cours des bouffées de chaleur l'activation du cortex insulaire, qui régit la thermorégulation via une interaction avec le ganglion stellaire.

« The Lancet Oncology » publié en ligne le 15 mai.

&gt; Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8371