Après son interdiction dans la composition des biberons, le bisphénol A (BPA) n’a pas fini de faire parler de lui. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) d’enfoncer le clou. « Il est prioritaire de limiter l’exposition des femmes enceintes ou allaitantes ainsi que des nourrissons et des jeunes enfants au produits renfermant du bisphénol A, notamment les contenants et revêtements destinés au contact alimentaire, les jouets ou encore les articles de puériculture » a-t-elle lancé ce mardi, à l’occasion de la publication de deux nouveaux rapports sur le Bisphénol A.
Fertilité féminine, maladies CV et diabète
Dans son premier travail, l’Anses a réalisé une analyse fine de la littérature récente sur les effets du bisphénol A. Conclusion : l’effet du BPA est suspecté sur la fertilité féminine (maturation ovocytaire), sur les pathologies cardiovasculaires et sur le diabète, l’Agence parlant seulement d’effets « suspectés étant donné le nombre limité d’études robustes menées chez l’homme » commente Dominique Gombert (directeur de l’évaluation des risques, Anses). « Ces effets ont été mis en évidence à de faibles niveaux d’exposition, avec des doses notablement inférieures à la dose journalière autorisée (DJA) et plus particulièrement lors de certaines périodes de la vie : la grossesse, les périodes péri et post natales », avance Marc Mortureux, directeur général de l’Anses. En revanche, sur les autres organes ou systèmes humains étudiés (système reproducteur masculin, cerveau, intestin, prostate, sein, système immunitaire, comportement), les effets du BPA sont controversés. Certaines études démontrant un effet nocif, et d’autres non, il n’est donc pas possible de conclure.
Chez l’animal, la situation est plus claire. Les effets néfastes du BPA sont été jugés « avérés » à plusieurs niveaux. On rapporte une reprotoxicité (production spermatique, kystes ovariens), hyperplasies (sein et endomètre), effets sur le métabolisme et la neurogenèse. « Mais des interrogations subsistent quant à la transposition à l’Homme de ces observations faites chez l’animal » commente Dominique Gombert (directeur de l’évaluation des risques, Anses). Enfin, l’effet toxique sur l’écologie est lui aussi avéré.
Une substance ubiquitaire
Dans un second rapport, l’Anses a cherché à identifier les produits qui renfermaient du BPA. Et la liste est impressionnante : CD, DVD, lentilles de contact, lunettes, emballages alimentaire, bouteilles plastiques, sèche-cheveux, micro-ondes, pneus, encre d’imprimerie, fibres de verre, linoleum, colle, adhésif, mastic, résines, peinture, vernis, papier et carton…
Afin de protéger les populations les plus sensibles, l’Anses exhorte aussi aux industriels à se mobiliser. D’une part, elle leur demande d’engager sans tarder la substitution du BPA par d’autres composés non perturbateurs endocriniens, notamment dans les matériaux en contact avec les denrées alimentaires. D’autre part, l’Agence a lancé à ces industriels un appel à contribution afin de recueillir, d’ici fin novembre 2011, toute donnée permettant d’identifier plus finement les produits renfermant du BPA et toute donnée concernant les produits de substitution disponibles (innocuité, efficacité…). Réagissant à cette publication, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, s'est prononcée immédiatement en faveur d'un « étiquetage systématique » des produits contenant du bisphénol A qui sont en contact avec les populations.
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