UNE PAGE SERA DÉFINITIVEMENT tournée aujourd'hui sur douze ans de « chiraquie ». Douze années que l'homme politique originaire de Sarran, en Corrèze, aura marqué de son empreinte même si d'aucuns ne manquent pas de critiquer durement son action à la tête de l'Etat. Selon un sondage BVA, 54 % des Français jugent d'ailleurs «mauvais» le bilan de Jacques Chirac à l'Elysée.
Les livres d'histoire retiendront que le chef de l'Etat s'est opposé à la guerre en Irak. Les affaires étrangères ont été le terrain de prédilection du cinquième président de la Ve république. Jacques Chirac a ainsi effectué près de deux cents déplacements à l'étranger pour des voyages officiels et des réunions multilatérales pendant ses deux mandats. L'ancien député de Corrèze, premier ministre à deux reprises et maire de Paris pendant dix-huit ans, en revanche, connu beaucoup de déconvenues sur le plan intérieur. Les promesses du candidat Chirac, en 1995, de réduire la fracture sociale n'ont pas été tenues. La France compte cinq millions de pauvres et trois millions de mal-logés. L'endettement du pays a explosé et le commerce extérieur du pays bat des records de déficit. Le chef de l'Etat a dû enfin essuyer l'échec du référendum sur le traité constitutionnel européen et les agitations dans les banlieues en 2005, puis les manifestations d'étudiants et de lycéens de février à avril 2006, contre le contrat première embauche (CPE). C'est peu dire que les deux mandats de Jacques Chirac n'ont rien eu d'un long fleuve tranquille.
Ses relations avec les médecins auront de même été tumultueuses. A peine élu, il est confronté en novembre 1995 à une série de grèves et de manifestations géantes dans toute la France contre les réformes Juppé des retraites et de la Sécurité sociale. Il parvient à les faire aboutir sous le gouvernement Raffarin.
De nombreuses réformes pour la santé.
Du plan Juppé, il réussira à maintenir certaines mesures : la carte Vitale, le vote annuel par le Parlement du budget de la Sécurité sociale, la mise en place des agences régionales de l'hospitalisation (ARH), le système d'accréditation et d'évaluation des services hospitaliers.
Le corps médical reste meurtri de cette période de confrontation et les rapports de confiance mettront du temps à se rétablir. La signature en 2005 d'une nouvelle convention entre l'assurance-maladie et trois syndicats de médecins libéraux illustre un relatif apaisement. Avec le plan Hôpital 2007, Jacques Chirac arrive, en dépit de fortes oppositions, à imposer une profonde réforme de gouvernance et à mettre en place progressivement la tarification à l'activité (T2A) dans les établissements publics et privés.
Dans le domaine de la santé, la présidence de Jacques Chirac aura surtout été marquée par de grandes réformes sociales réalisées entre 1997 et 2002 pendant la cohabitation avec le gouvernement socialiste de Lionel Jospin. La couverture maladie universelle (CMU) et l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) ont vu le jour. La loi Kouchner du 4 mars 2002 a renforcé le droit des malades. Le président Chirac a été personnellement à l'origine de «trois grands chantiers», lancés lors du traditionnel discours du 14 juillet 2002 : la lutte contre l'insécurité routière, la lutte contre le cancer et l'insertion des personnes handicapées dans la société et le monde du travail. Des progrès notables ont été enregistrés dans ces trois domaines. Le nombre de tués sur les routes est tombé à moins de 5 000 par an quand il culminait à plus de 8 000 il y a quelques années encore. L'Institut national de lutte contre le cancer (Inca) a été créé sous sa présidence et l'interdiction de fumer dans les lieux publics, adoptée l'an dernier, va progressivement être appliquée. La loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap a été adoptée le 3 février 2005.
Jacques Chirac est l'ordonnateur d'une énième réforme en profondeur de l'assurance-maladie en 2004, acceptée tant bien que mal par les patients et les praticiens. Même s'il n'est pas parvenu à l'équilibre des comptes avant son départ de l'Elysée comme il le souhaitait, Jacques Chirac a tout de même participé à l'inflexion de la baisse des dépenses de santé.
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