CHAQUE HIVER depuis le début, en 1991, de la surveillance par le réseau Sentinelles des gastro-entérites en France, on observe une recrudescence épidémique à la fin de l'automne et au début de l'hiver. Des études d'épidémiologie moléculaire conduites en médecine de ville à travers l'ensemble du territoire métropolitain en 1998/1999, puis dans le golfe du Morbihan en 1999/2001, ont pu montrer l'origine virale de ces épidémies. Quatre familles de virus étaient à l'origine de plus du tiers des infections : principalement les rotavirus et les calicivirus et plus accessoirement les adénovirus et les astrovirus. Pour le reste des cas, les hypothèses étiologiques sont : une infection bactérienne (une enquête a montré leur implication dans 10 % des cas), une infection par d'autres types de virus mal connus (par exemple les coronavirus) ou inconnus, ou une origine iatrogène (la part attribuable aux antibiotiques dans les diarrhées hivernales a été évaluée à 5 %).
Des facteurs potentiellement prédictifs d'une origine virale.
Ces études ont par ailleurs permis de mettre en évidence des facteurs potentiellement prédictifs d'une infection d'origine virale : la diarrhée aqueuse, accompagnée de nausées/vomissements et d'un contact avec un enfant âgé de moins de 4 ans sont associés à la présence d'un virus. De plus amples échantillons seraient nécessaires pour affiner (ou confirmer) la prédictivité de tels facteurs dans l'étiologie des gastro-entérites et aider ainsi au diagnostic clinique. La dernière épidémie de gastro-entérites a duré neuf semaines, du 29 novembre 2004 au 30 janvier 2005. Le tableau 1 présente ses caractéristiques par rapport à celles des épidémies passées observées par le réseau Sentinelles. Avec 1 840 000 personnes touchées sur l'ensemble du territoire métropolitain selon les estimations du réseau Sentinelles, cette épidémie est la troisième plus forte enregistrée depuis le début de la surveillance en 1991. Il s'agit par ailleurs de l'épidémie la plus longue enregistrée depuis 1991. Un pic d'ampleur modérée a été enregistré la sixième semaine d'épidémie avec 463 cas pour 100 000 habitants. L'épidémie s'est caractérisée par une décroissance rapide après le pic (trois semaines). Une fois l'épidémie terminée, les incidences sont restées à des niveaux proches du seuil épidémique pendant plusieurs semaines. Toutes les régions ont été touchées, le nombre de cas le plus importants ayant été observé en Languedoc-Roussillon (3 986 cas pour 100 000 habitants sur toute la durée de l'épidémie), en Haute-Normandie (3 662), en Lorraine (3 371), en Bretagne (3 297) et en Basse-Normandie (3 104).
SAISON | DATE DE DEBUT | DUREE (En SEMAINES) | PIC | NOMBRE DE CAS TOTAL EXTRAPOLE | AGE MOYEN | SEX-RATION (M/F) |
1992-1993 | 1992-s52 | 5 | 420 | 840 000 | 28 | |
1993-1994 | 1993-s52 | 5 | 325 | 710 000 | 29 | |
1994-1995 | 1994-s52 | 7 | 323 | 1 100 000 | 28 | |
1995-1996 | 1996-s01 | 6 | 279 | 890 000 | 28 | |
1996-1997 | 1996-s52 | 6 | 365 | 1 060 000 | 30 | |
1997-1998 | 1998-s02 | 5 | 371 | 870 000 | 26 | 1 |
1998-1999 | 1998-s53 | 6 | 381 | 1 100 000 | 28 | 0,9 |
1999-2000 | 1999-s52 | 6 | 530 | 1 350 000 | 30 | 0,9 |
2000-2001 | 2000-s49 | 9 | 873 | 2 490 000 | 31 | 0,9 |
2001-2002 | 2002-s01 | 4 | 321 | 710 000 | 26 | 1 |
2002-2003 | 2002-s50 | 8 | 561 | 1 890 000 | 30 | 1 |
2003-2004 | 2004-s02 | 4 | 402 | 770 000 | 28 | 0,9 |
2004-2005 | 2004-s49 | 9 | 463 | 1 840 000 | 28 | 0,9 |
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