Des résultats encourageants, mais peut mieux faire... Ainsi pourrait-on résumer le constat du rapport qui a été remis à Roselyne Bachelot par le Pr Roger Salomon sur l’atteinte des objectifs de santé publique fixés par la loi de 2004. On fume moins en France aujourd’hui, la route tue moins qu’il y a cinq ans, on hospitalise moins pour crise d’asthme ou pour ostéoporose, on dépiste beaucoup plus largement les cancers du sein et du colon. Le rapport rédigé par le Haut conseil de la santé publique montre aussi une tendance à la baisse du suicide, notamment chez les personnes âgées et dans une moindre mesure chez les adolescents et les jeunes adultes. Ces premières années du XXIème siècle correspondent aussi à une baisse de la mortalité par cardiopathies ischémiques et hypercholestérolémies. Même chose pour la stabilisation de l’insuffisance rénale chronique qui était un des objectifs de la loi imaginée par Jean-François Mattéi, mais qu’il n’a pas eu loisir de faire voter lui-même.
C’est mieux aussi pour ce qui concerne les risques environnementaux, Trois des huit objectifs qui avaient été fixés ont en effet connu une évolution favorable mesurable en matière de pollution atmosphérique urbaine, pollution industrielle et saturnisme infantile. Enfin, satisfecit mérité également pour les risques liés aux soins: les infections nosocomiales sont en régression depuis 2004 et les effets indésirables liés aux médciaments n’ont pas augmenté.
Globalement, cette loi d’orientation en santé publique qui posait pour la première fois 100 objectifs à atteindre en cinq ans est donc parvenue à améliorer la santé publique, et partant l’état de santé de nos concitoyens. Les experts estiment ainsi qu’environ la moitié des objectifs de la loi ont été globalement ou partiellement atteints. Encore cette proportion ne vaut-elle que pour un peu plus de la moitié des indicateurs considérés comme mesurables : sur les 56 réellement évalués, 10 peuvent donc être considérés comme atteint et 13 partiellement. Nombreux sont donc les objectifs sur lesquels on ne peut pas se prononcer, soit parce qu’il n’était pas accompagné d’indicateurs précis, soit parce que les indicateurs en question se sont avérés impossibles à mesurer. Difficile par exemple d’évaluer les progrès dans la prise en charge de l’Alzheimer ou pour la plupart des objectifs touchant à la santé mentale. Même difficulté de mesure s’agissant de la qualité de vie des patients.
Reste des objectifs mesurables et mesurés, mais sur lesquels la tendance n’est pas bonne. Bilan en demi-teinte s’agissant de la consommation d’alcool par exemple, Même constat négatif concernant les infections sexuellement transmissibles. Et «la surveillance du diabête demeure insuffisante et ses complications trop fréquentes», bien que les experts soulignent tout de même «une tendance favorable sur la prise en charge de cette pathologie.
Au total, malgré ces points noirs, les experts estiment que «ce premier exercice montre des résultats encourageants et doit être poursuivi.» Mais le Haut conseil de la santé publique estime qu’il faut maintenant s’atteler à améliorer les indicateurs et la façon de les mesurer. Message bien reçu apparemment par Roselyne Bachelot qui évoque désormais une prochaine loi en santé publique. Dans un communiqué, le ministère de la santé promet que ce sera «une loi resserrée, qui structurera le cadre d’action des politiques de santé publique afin de le rendre plus efficace.»
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