DANS CE TRAVAIL, les auteurs n’ont pris en compte que les accidents dus à la vipère ammodytes, l’espèce la plus répandue en Grèce. Le venin de serpent est riche en neurotoxines, en cytotoxines, en hématotoxines, en enzymes protéolytiques et en hyaluronidase. Il favorise la libération d’histamine et la contamination de la plaie par des germes de la famille des Clostridium est fréquente. La classification de Downey était utilisée pour la sévérité de l’envenimation. Ainsi, grade 0 : pas d’envenimation mais présence d’un érythème et d’un oedème autour de la morsure d’une taille inférieure à 2,5 cm ; grade 1 : présence d’un érythème et d’un oedème autour de la morsure entre 2,5 et 15 cm sans signes systémiques ; grade 2 : présence d’un érythème et d’un oedème autour de la morsure entre 15 cm et 40 cm avec des signes cliniques modérés ; grade 3 : présence d’un érythème et d’un oedème autour de la morsure, d’une taille supérieure à 40 cm avec des signes cliniques ; enfin, grade 4 : présence de signes cliniques sévères avec signes de choc et coma.
L’ensemble de ces patients a bénéficié d’une sérovaccination antitétanique, d’une antiobioprophylaxie associant pénicilline et métronidazole, d’une réhydratation et de traitements symptomatiques (analgésique, antiémétique).
Juin, juillet et août.
Les 147 morsures sont survenues entre mars et octobre, avec un pic de fréquence aux mois de juin, de juillet et d’août au cours desquels 50 % des accidents étaient rapportés. Le serpent responsable a été vu dans 94 % des cas, mais véritablement identifié dans 37 cas sur 147. L’ensemble des patients (H/F : 58 %/42 %) a consulté en moyenne quarante minutes après la morsure. La répartition selon la classification de Downey était la suivante ; grade 1 : 62 % des patients, grade 2 : 31 %, grade 3 : 6 %, grade 4 : 1 %.
Les signes cliniques le plus fréquemment retrouvés étaient les marques de morsure (100 % des cas), la douleur (100 %), l’oedème (98 %), l’ecchymose (60 %). La tachycardie, les syncopes ou vertiges, la fièvre, l’apparition de ganglions, les nausées, l’hypotension et les vomissements ont été constatés de façon plus inconstante (entre 33 et 13 % des cas). Enfin, les réactions allergiques, les altérations de la vision, l’oedème généralisé, les convulsions ou le syndrome de Kounis (ischémie myocardique d’origine allergique) étaient plus rares (entre 7 et 1 % des cas). Les principales anomalies biologiques étaient, chez 70 % des patients, une hyperleucocytose avec augmentation des neutrophiles, une augmentation de l’urée sanguine pour 40 %, une augmentation des enzymes musculaires et hépatiques (entre 30 et 40 %), et une hématurie ainsi qu’une protéinurie (30 % des cas). L’infection de la plaie (14 % des cas), la diminution de la mobilité (13 %) et la thrombophlébite (10 % des cas) constituaient les principales complications cliniques. La durée moyenne d’hospitalisation était de 4 ± 3 jours (1-28 jours). Aucun décès n’est survenu dans cette étude.
Gants et bottes.
Si, d’après le Dr Frangides, «le risque d’être mordu par un serpent et le risque d’en mourir sont faibles», la sévérité des manifestations cliniques dépend de la nature, de la localisation, de la profondeur, du nombre de morsures, de la quantité de venin injecté et de la taille du serpent. Pourtant, les manifestations cliniques observées dans cette étude étaient pour la plupart modérées. Les mesures de protection (gants, bottes) étaient peu utilisées par une population qui sous-estimait le risque de morsure. L’importance de ces mesures d’éducation et de prévention était soulignée par les auteurs de l’article car, dans d’autres pays, l’incidence des morsures chez des groupes à risque reste très faible lorsque des mesures spécifiques préventives ont été mises en place.
Christos Frangides et coll. « European Journal of Internal Medicine », 17 (2006) 24-27.
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