LE NARRATEUR, pluriel, est un jeune couple de conservateurs de musée qui sont les témoins étonnés et fascinés d’un drame, la mort d’une jeune fille ; qui sont, plus exactement, les spectateurs étonnés et fascinés des agissements d’un personnage, l’ami de la victime.
Maher est un très jeune homme né d’un père tunisien et d’une mère italienne dans un quartier de la Plaine - Saint-Denis, qui a hérité de la collection de tableaux de Laura Bagenfeld en même temps qu’elle lui a légué son nom. La vieille dame excentrique – qui fut l’amie de Peggy Guggenheim et de Clara Haskil – avait reconnu en lui un surdoué de l’art, un don peaufiné par le travail.
Devenu l’un des collectionneurs les plus renommés au monde et l’un des « people » drainant derrière lui le plus de rumeurs, Maher demeure un être mystérieux et surprenant. Jusque dans le choix de sa fiancée, une jeune fille si discrète qu’on la remarque à peine.
C’est elle que des malfrats vont enlever, et qu’ils ne libéreront que contre le versement d’une rançon exorbitante : sept tableaux de la collection Bagenfeld. Pourquoi ceux-là, que rien ne semble lier les uns aux autres, si ce n’est une vague représentation de dragons ?
Le couple se trouve alors entraîné dans une traque entre l’Italie et la Suisse, un château en Auvergne et une île du Pacifique, où la personnalité de Maher, cet immigré de banlieue devenu l’héritier d’une famille et d’une collection séculaires, est au centre de l’intrigue.
Laquelle est le prétexte pour Adrien Goetz – maître de conférence en histoire de l’art à la Sorbonne – de poser une nouvelle pierre à l’édifice de son univers pictural entrepris dans ses précédents livres (dont « la Dormeuse de Naples », un tableau supposé d’Ingres, perdu mais commenté et rêvé par différents contemporains, prix des Deux-Magots et prix Roger-Nimier 2004).
Il évoque notamment une scène de bataille, peinte à Florence par Paolo Uccello, qui ressemble fort au célèbre triptyque du maître de la Renaissance, la scène de chasse nocturne. Et l’auteur de nous informer que, si un tableau inconnu d’Uccello réapparaissait aujourd’hui, il deviendrait du jour au lendemain «le plus cher du monde» et peut-être l’objet de toutes les convoitises.
Alors, récit policier ou leçon d’art ? Adrien Goetz n’oublie pas de donner le fin mot de l’histoire, mais c’est moins en nous livrant le nom du coupable et ses motivations qu’en nous parlant d’art sur les rives de la Méditerranée qu’il nous apaise.
Editions Grasset, 264 p., 17,50 euros
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