DEPUIS les années 1940, elle a changé de nom à plusieurs reprises, mais ses risques potentiels, d’ordre cardio-vasculaire, demeurent. La pré-hypertension, appelée successivement « transitoire », « borderline », puis « pression sanguine normale haute », précède, dans de nombreux cas, la survenue d’une HTA. D’où la mise en place d’une étude baptisée « Trophy »(Trial of Preventing Hypertension) visant à tester l’efficacité préventive d’une intervention pharmacologique en prévention du passage à l’HTA stade 1. Les conclusions de l’étude, publiées dans le « New England Journal of Medicine », suggèrent l’intérêt d’un traitement précoce.
Les investigateurs de l’étude Trophy ont enrôlé des sujets ayant eu à plusieurs reprises des chiffres tensionnels de 130 à 139 mmHg et 89 mmHg au plus, ou ayant 139 mmHg ou moins et de 85 à 89 mmHg. Les 722 participants ont été séparés, après tirage au sort, en deux groupes, l’un de 391 personnes recevant du candésartan, l’autre de 381 mises sous placebo. L’âge moyen des participants était de 48,5 ans, avec une majorité d’hommes (59,6 %). Enfin, tous ont reçu des conseils de modification d’hygiène de vie en vue de réduire leur pression artérielle : perte de poids, régime peu salé, activité physique et amélioration du comportement alimentaire.
Participants atteignant le stade 1 de l’HTA.
Les deux groupes ont suivi leur traitement pendant deux ans (candésartan ou placebo), puis tous ont utilisé le placebo pendant les deux années suivantes. L’objectif étant d’évaluer, à terme, le nombre de participants atteignant le stade 1 de l’HTA et justifiant, donc, un traitement. Une analyse intermédiaire a été réalisée à la fin des deux premières années.
Au cours de ces deux premières années, une HTA s’est déclarée chez 154 sujets du groupe placebo et 53 du groupe traité, soit une réduction du risque relatif de 66,3 %. Au terme des quatre années, ils étaient 240 dans le groupe placebo à être hypertendus et 208 dans le groupe candésartan. La réduction absolue du risque d’HTA est de 9,8 % (réduction du risque relatif de 15,6 %). Un chiffre que Stevo Julius et coll. reconnaissent comme modeste.
En ce qui concerne la tolérance, des événements indésirables sont survenus chez 3,5 % des sujets traités et chez 5,9 % de ceux sous placebo. Ce qui permet aux auteurs de dire que le traitement d’une pré-hypertension est réalisable. Ils ajoutent que d’autres études seront nécessaires pour confirmer si cette stratégie thérapeutique, ou une autre, peut modifier l’avenir de patients.
Masqué, plutôt que prévenu.
Une réflexion que rejoint, dans un éditorial, Heribert Schunkert (Lübeck, Allemagne). «Inévitablement, écrit-il, la baisse profonde de la pression artérielle induite par le traitement actif par candésartan a masqué, plutôt que prévenu, l’objectif de l’étude au cours de la première phase. De plus, le traitement actif a pu aussi intervenir sur le délai au terme duquel l’objectif de l’étude a été atteint, pendant la phase suivante sous placebo… En d’autres termes, la baisse de pression artérielle due au candésartan peut avoir ralenti l’apparition d’une pression artérielle moyenne dépassant140/90mmHg au cours de la seconde phase (années 3 et 4), quand tous les patients de l’étude recevaient un placebo et ainsi, par artefact, avoir retardé l’apparition de l’objectif final.» Il ajoute que le traitement, même associé à une modification du mode de vie, n’a pu entièrement empêcher la survenue de l’HTA. Il en conclut que le futur traitement de la pré-hypertension devra être affiné tant sur le choix des patients que sur les molécules à proposer et les durées. «Pour le moment, une vie saine constitue le fondement de tous les traitements chez les sujets en pré-hypertension.»
« New England Journal of Medicine » 354 ; 16, 20 avril 2006, pp. 1685-1697 et 1742-1744 (éditorial).
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