LE BENEFICE de l'insuline détémir sur la prise de poids se confirme. A l'occasion du 43e congrès de l'European Association for the Study of Diabetes (EASD, Amsterdam), les résultats de deux études ont été présentés, qui montrent que Lévémir, insuline détémir des Laboratoires Novo Nordisk, améliore le contrôle glycémique, réduit la fréquence des épisodes hypoglycémiques, et limite la prise de poids par rapport à l'insuline NPH ou à l'insuline glargine.
La première étude a été menée durant deux ans chez des diabétique de type 1, traités par Lévémir ou insuline NPH (1). L'utilisation de Lévémir comme insulinothérapie basale reste associée à une prise de poids. Mais celle-ci reste significativement inférieure à ce qui est constaté chez les patients sous insuline NPH. On note également un meilleur contrôle glycémique, et moins d'hypoglycémies nocturnes parmi les patients traités par l'insuline détémir.
Le second essai a été mené dans le cadre de l'étude observationnelle PREDICTIVE (Predictable Results and Experience in Diabetes through Intensification and Control to Target : an International Variability Evaluation) qui permet de suivre plus de 35 000 patients de tout âge, atteints de diabète 1 ou 2, dans 20 pays à travers le monde. Chez plus de 5 000 diabétiques de type 2, traités par insuline NPH ou insuline glargine, le traitement a été remplacé par Lévémir. Cette substitution s'est soldée par une perte de poids, une amélioration significative du contrôle glycémique et une réduction du taux d'hypoglycémie, cela avec un suivi de 26 semaines (2).
Le bénéfice de l'insuline détémir sur le contrôle glycémique et la fréquence des hypoglycémies était déjà connu. Une limitation de la prise de poids avait également été rapportée par un certain nombre d'essais cliniques. La nouveauté semble être la durée de ce bénéfice pondéral, que rien ne permettait d'affirmer apriori, et son existence chez des sujets traités auparavant par des formes cristallines.
La notion est importante. Dans le diabète de type 1, on sait en effet qu'une proportion non négligeable de patients, et plus encore, de patientes, module son traitement pour réduire son poids. Aux Etats-Unis, de l'ordre de 30 % des patientes omettraient intentionnellement des prises d'insuline, l'objectif étant le contrôle du poids dans la moitié des cas. Un moindre contrôle glycémique et davantage de complications sont signalés chez ces femmes (Polonsky, 1994). Des résultats du même ordre ont par ailleurs été rapportés en Grande-Bretagne (Bryden, 1999).
Dans le diabète de type 2.
Dans le diabète de type 2, la prise de poids joue comme facteur de mauvaise observance, mais aussi comme frein à l'instauration de l'insulinothérapie. Bien des facteurs convergent pour retarder le traitement : peur des hypoglycémies, sentiment du patient que, avec la mise sous insuline, il arrive « au bout du rouleau » après avoir épuisé toutes les autres ressources, appréhension du médecin vis-à-vis de l'insulinothérapie. Mais la crainte de la prise de poids est certainement un paramètre important : dans l'étude DAWN (Diabetes Attitudes, Wishes and Needs), plus de 50 % des diabétiques de type 2 signalent une véritable anxiété à ce propos. Au demeurant, chez des patients généralement déjà en surpoids, cette crainte n'a rien d'infondé puisque, à l'impact psychologique défavorable, s'ajoute une augmentation bien réelle du risque cardio-vasculaire et de l'insulinorésistance. La confirmation d'une limitation durable de la prise de poids sous Lévémir est donc une bonne nouvelle, qui devrait faciliter l'instauration d'une insulinothérapie lorsqu'elle devient nécessaire, et en favoriser l'observance.
Etudes présentées au 43e Congrès de l'EASD (Amsterdam).
(1) Bartley PC et coll. Superior glycaemic control, less nocturnal hypoglycaemia and less weight gain with insulin detemir relative to NPH insulin in subjects T1DM treated for 24 months using a treat- to-target concept. Abstract 222.
(2) Koenen K et coll. Insulin Detemir improves glycaemic control, weight and hypoglycaemia in patients previously treated with insulin glargin or NPH insulin : results from the PREDICTIVE 303 study. Abstract 976.
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