L'enquête épidémiologique mise en place par l'observatoire national des méningites bactériennes de l'enfant confirme les données du réseau EPIBAC. La prévalence des méningites à pneumocoque, en particulier celles dues aux sérotypes vaccinaux, a considérablement diminué depuis la généralisation de la vaccination antipneumococcique aux enfants de moins de 2 ans.
LES MÉNINGITES à pneumocoque sont une cause majeure de morbidité et de mortalité. Elles représentent un tiers des méningites de l'enfant. En janvier 2003, la vaccination antipneumococcique a été introduite dans le calendrier vaccinal pour les enfants de moins de 2 ans présentant des facteurs de risque. Depuis juillet 2006, elle est recommandée pour tous les enfants de moins de 2 ans. Le vaccin antipneumococcique conjugué heptavalent (PCV7) (Prevenar) actif contre les sérotypes 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F et 23F est actuellement le seul vaccin autorisé chez l'enfant avant 2 ans. Le schéma vaccinal français prévoit trois injections à 2, 3 et 4 mois, puis un rappel entre le 12e et le 15e mois. L'observatoire national des méningites bactériennes de l'enfant a mis en place une étude visant à évaluer l'impact du PCV7 sur l'évolution des méningites à pneumocoque. Pour cela, entre janvier 2001 et décembre 2006, 259 services de pédiatrie et 168 de microbiologie ont notifié tous les cas de méningites bactériennes chez les patients âgés de 0 à 18 ans. Parmi 2 539 cas de méningites bactériennes, 709 (27,9 %) étaient dus à des pneumocoques. La distribution en fonction de l'âge révèle un pic de fréquence des méningites à pneumocoque à 5 mois. La comparaison du nombre de cas survenus durant les périodes prévaccinale (2001 et 2002) et postvaccinale (2006) montre une nette diminution des méningites à pneumocoque après la vaccination, notamment chez les enfants de moins de 1 an. La diminution est de 47 % chez les enfants de 2 à 11 mois. Elle concerne essentiellement les méningites à sérotypes vaccinaux (4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F et 23F) qui ont diminué de 83 % et s'accompagne d'une augmentation de 21,9 % des méningites à sérotypes non vaccinaux (1, 3, 5, 6A, 7F et 19A). Les antibiogrammes réalisés sur les prélèvements de liquide céphalo-rachidien (LCR) des enfants atteints de méningite ont permis de constater en période postvaccinale une diminution des pneumocoques résistants aux antibiotiques. Le pourcentage de souches de pneumocoques sensibles à la pénicilline augmente de 43,8 à 75,6 %, celui des souches de sensibilité intermédiaire et des souches résistantes diminue respectivement de 47,5 à 21,8 % et de 8,6 à 2,6 %. Sur les 709 cas de méningites à pneumocoque, 614 enfants n'avaient pas été vaccinés. Des méningites ont été signalées chez 95 patients qui avaient reçu au moins une dose de PCV7. Parmi ceux-ci, 78 % avaient reçu au moins deux doses.
L'ensemble de ces résultats permet de conclure au bien-fondé de la vaccination antipneumococcique. Ils confirment les données du réseau EPIBAC qui avait montré, entre la période prévaccinale et 2005, une diminution de 36 % de l'incidence des méningites à pneumocoque chez les enfants de moins de 1 an et de 49 % chez les enfants âgés de 5 à 11 mois. La diminution de 47 % trouvée dans la présente étude chez les enfants de 2 à 11 mois concerne plus particulièrement les méningites dues à des sérotypes vaccinaux. Par ailleurs, le pic de fréquence des méningites à pneumocoque à 5 mois confirme la nécessité de la vaccination précoce. Enfin, le schéma d'injection recommandé pour le PCV7 semble adapté à l'épidémiologie des méningites à pneumocoques en France.
D'après une communication du Pr Édouard Bingen, hôpital Robert-Debré, Paris.
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