CHAQUE année, 3 % des enfants de moins de 6 ans souffrent de laryngite aiguë sous-glottique au cours de la période hivernale. Cette pathologie virale se traduit par des épisodes de toux rauque de survenue nocturne qui ne nécessitent pas, dans la grande majorité des cas, de prise en charge médicamenteuse. Une simple humidification de l'air ambiant suffit en effet pour résoudre rapidement les symptômes chez 95 % des enfants ; les autres doivent être hospitalisés pour 24 heures au moins et de 1 à 2 % de ces enfants devront subir une intubation endotrachéale. Dans les cas les plus graves, le traitement comporte, outre l'humidification de l'air ambiant, la mise en place d'une corticothérapie courte.
L'intérêt d'une telle corticothérapie n'avait jamais été évaluée chez les enfants présentant une laryngite aiguë légère ou peu grave. Des pédiatres canadiens, de Winnipeg, ont donc mis en place une étude randomisée en double aveugle chez des enfants admis en service d'urgence pédiatrique pour cette pathologie et dont l'état ne nécessitait pas d'hospitalisation.
Une dose orale de dexaméthasone de 0,6 mg/kg.
Au cours des hivers 2001-2002 et 2002-2003, les 720 enfants souffrant de laryngite inclus dans l'étude ont reçu soit de la dexaméthasone par voie orale (0,6 mg/kg équivalent de 4 mg/kg de prednisolone en dose unique), soit un placebo, avec une humidification de l'air dans les deux groupes. Ils ont bénéficié d'une surveillance clinique en service d'urgence pendant au moins une heure et les parents ont été contactés par téléphone cinq fois au cours des trois semaines suivant l'admission aux urgences.
Chez les enfants traités par corticothérapie, la durée totale de la symptomatologie clinique a été réduite significativement (p = 0,003) par rapport aux témoins, la durée totale du sommeil des enfants - et des parents - au cours des 72 heures premières a été, elle aussi, améliorée (p < 0,0001) et les parents ont ressenti un stress moindre. En outre, le nombre d'enfants revus en consultation dans les 7 jours suivant l'admission aux urgences s'est révélé moins élevé dans le groupe corticothérapie que dans le groupe placebo (7,3 % contre 15,3 %).
Le Dr Candice Bjornson reconnaît que les doses de corticoïdes utilisées dans l'étude étaient assez élevées et qu'il est maintenant nécessaire de déterminer les doses minimales efficaces pour obtenir l'effet clinique.
Une simple humidification.
Dans un éditorial, le Dr Perri Klass (Boston) rappelle que « les seules laryngites sous-glottiques graves sont en rapport avec une infection diphtérique ». A l'heure actuelle, cette pathologie reste rarissime dans les pays développés (en raison de la vaccination systématique) et le traitement par corticothérapie a définitivement amélioré le pronostic des enfants atteints. Il souligne aussi que « la corticothérapie ne doit pas devenir un geste thérapeutique obligatoire dans une pathologie qui peut être traitée par une simple humidification ». Néanmoins, « en raison de l'effet du traitement sur la durée des symptômes et du bénéfice secondaire sur la qualité de vie à la fois de l'enfant et des parents, la généralisation d'un tel traitement pourrait être envisagée ».
« New England Journal of Medicine », vol. 351, 13, pp. 1283-1284 et 1306-1313, 23 septembre 2004.
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