Un bébé de six mois peut différencier le visage de deux singes, une capacité qu'il perd après l'âge de neuf mois en raison de l'évolution du cerveau qui paraît privilégier les capacités utiles, comme celles de différencier les visages humains, selon une étude américaine parue dans la revue « Science ».
« Le système de reconnaissance des visages change de façon importante durant la première année de vie », explique Michelle de Haan, coauteur de l'étude à l'University College de Londres.
« Nous voyons généralement le développement comme une acquisition de compétences. L'élément surprenant de ce cas est le fait que les bébés paraissent perdre une capacité avec l'âge », explique encore la scientifique.
Pour elle, « cela reflète probablement un réglage du cerveau lui permettant de reconnaître ce qui est le plus important, les visages humains, qui passe par la perte de capacité à détecter des différences qui ne sont pas aussi utiles ».
Cet exemple de « rétrécissement de perception » se manifeste également dans la capacité réduite, en vieillissant, à distinguer entre deux sons proches dans une langue étrangère, qui n'illustre pas une détérioration de la mémoire mais plutôt une modification dans le développement neural, intervenant tôt dans la vie et de façon plus large qu'on pouvait le penser, estiment les chercheurs.
L'étude a notamment été menée sur 11 adultes, 30 bébés de six mois nés à terme et 30 bébés de neuf mois, également nés à terme, tous en bonne santé.
Les chercheurs ont présenté des paires de photographies en couleurs représentant des visages de femmes et d'hommes, puis de petits singes. Au sein des deux paires de photos, l'une était nouvelle et l'autre avait déjà été présentée auparavant.
Les scientifiques ont pu établir que les bébés de six mois reconnaissaient aussi bien les visages humains déjà vus que les visages de singes, car ils fixaient plus longtemps les visages nouveaux, tant humains que simiens. En revanche, les bébés de neuf mois et les adultes ne prêtaient attention qu'aux nouveaux visages humains.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature