THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Il y a de la générosité dans cette entreprise, mais aussi beaucoup d'inutiles lourdeurs qui ne sont là, on en a le bizarre sentiment, que pour épater l'éventuel spectateur, le séduire naïvement. Ainsi du caractère nocturne des lumières qui, pour changeantes, sophistiquées soient-elles (André Diot), nous interdisent de voir le visage de ces jeunes acteurs que l'on ne connaît que très peu. Ainsi de la bande-son (André Serré), regorgeant de morceaux de musique arrachés à des horizons qui n'ont que peu de rapports avec le chef-d'uvre de Rostand, ainsi de l'intervention continuelle de la chorégraphe Blanca Li qui n'apporte rien. Des intermèdes tapageurs qui distraient.
Toutes réserves faites, on est d'autant plus à l'aise pour louer l'essentiel : Jacques Weber a su réunir une troupe aussi jeune que cohérente, de jeunes acteurs débordant d'énergie, de vitalité et qui sont toujours justes, toujours vrais, toujours émouvants. Il y a des décisions très intéressantes dans le travail de Weber : ainsi le siège d'Arras, qui rompt avec la situation d'origine pour nous proposer les pantalons Garance d'une guerre plus proche ; ainsi la manière dont la grande table circule d'acte en acte ; ainsi la volonté, héritée de Planchon, de donner un cadrage cinémascope aux scènes tout en serrant les moments intimes, nombreux dans « Cyrano de Bergerac ».
Et puis, répétons-le, il y a là une troupe et d'excellents éléments : Thomas Blanchard, de Guiche, Loïc Corbery, Christian, Thibault Lacroix, Ragueneau, Xavier Thiam, Le Bret, Vincent Debost, Montfleury et d'autres personnages. Roxane, la belle et inaccessible cousine du poète des étoiles, c'est Marina Hands, seule comédienne désormais connue de ce plateau frais. Elle a de la prestance, de la présence, un très beau timbre, beaucoup de sensibilité. Face à elle, le Cyrano de Xavier Gallais impose toutes les nuances du personnage, ses complexités, ses contradictions, sa flamme, sa vulnérabilité, son désenchantement, son caractère tragique. Voilà un jeune très grand acteur, délié et fin, à très beaux moyens (voix, silhouette), qui va son chemin sans effort apparent, avec intelligence et... panache !
Tout cela se joue dans l'allégresse, malgré le fond très désespéré de la pièce. La jeunesse adhère. C'est l'essentiel.
MC93 de Bobigny, à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée à 15 h 30 le dimanche. Durée : 3 heures entracte compris (01.41.60.72.72.). Jusqu'au 23 décembre. A signaler, la reprise, du 27 novembre au 23 décembre de « Miroirs noirs », d'Arno Schmidt, mise en scène de Patrick Sommier avec Yann Collette et Marie Cariès. Un très beau spectacle.
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