Qui peut encore nier (à part George W. Bush) que la société de consommation détruit la planète ? Qui peut contester qu'il faut réduire les émissions d'oxyde de carbone, mettre un terme à la déforestation, trier les déchets ou les recycler, concevoir des formes de développement qui ne conduisent pas au suicide collectif ?
Comme le problème est gigantesque, on a réuni à Johannesburg un méga-sommet, plus de 50 000 délégués, une centaine de chefs d'Etat (mais pas M. Bush) et on a décidé de tout y traiter, pas seulement l'environnement, mais aussi la santé et le « développement durable », traduction approximative de sustainable development. Splendide ambition, à la mesure de la crise, mais qui risque fort, aussi, de donner lieu à une immense déception. D'abord, on se demande comment, dans cette tour de Babel, les mots justes seront mieux entendus que le galimatias technocratique ou irrémédiablement dogmatique ; ensuite, on voit mal comment les décisions essentielles, dont dépendra la survie de la planète, seront suivies d'effets si des engagements précis, chiffrés et obéissant à un calendrier rigoureux ne sont pas adoptés ; enfin, on devine qu'un forum, au sein duquel s'agitent et parlent 50 000 personnes et qui oppose des intérêts nationaux différents, n'est pas vraiment propice à la formulation de mesures concrètes.
Dix ans après le sommet de Rio, la pollution du monde s'est aggravée ; un nuage énorme, épais et indélébile recouvre une partie de l'Asie ; la déforestation bat son plein ; des phénomènes étranges et dévastateurs, inondations et sècheresse qui se produisent là où on ne les attendait pas, se multiplient.
Le monde industrialisé a, dans ce gâchis, une part énorme de responsabilité. Certes, l'industrialisation croissante de l'Asie apporte son surcroît de pollution : mais au nom de quoi interdirait-on aux pays en développement de se développer ?
On fait grand cas de l'obstination des Américains, qui ne veulent pas freiner leur croissance par des mesures en faveur de l'environnement et on dénonce leur volonté politique d'ignorer l'écologie. Mais que font les gouvernements qui sont allés à Johannesburg pour plaindre les pays pauvres et les assurer de leur soutien, mais ont réduit leur budget d'aide à l'étranger et n'ont même pas commencé à rechercher des sources d'énergie alternatives ?
La vérité est que le pétrole est roi pendant ce siècle, comme il l'a été au XXe. Que rien n'est fait pour créer un parc automobile électrique, que rien n'est tenté (à cause du prix) du côté des énergies solaire ou éolienne. Johannesburg, c'est le sommet de l'hypocrisie. Tout le monde connaît les remèdes, personne ne veut les prescrire. Ce serait un miracle si, de cette manifestation planétaire, surgissait une détermination capable de réduire sensiblement la pollution dans les dix prochaines années.
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