De notre correspondant
Il est sans doute trop tôt pour le dire, mais il semble bien que, après quelques jours de découragement, de nombreux couples américains aient décidé d'avoir des enfants au lendemain des attentats du 11 septembre.
On lit en effet dans la presse plusieurs témoignages selon lesquels des Américains estiment que le meilleur moyen de réagir au massacre est de concevoir des enfants. Le corps médical, dans son ensemble, confirme la tendance. « C'est le principe du carpe diem, dit au « Quotidien » le Dr Michael Silverstein, un gynécologue-obstétricien de New York. Les jeunes couples sont en train de se dire que la vie peut décidément être courte, qu'ils ne savent pas ce que leur réserve le lendemain et qu'il vaut mieux avoir une postérité. »
La réaction des couples est encore plus accentuée quand ils ont des difficultés à avoir des enfants. Les centres de fertilité sont assiégés de demandes d'informations. A l'Alvarado Hospital Medical Center de San Diego, le Dr Steven Brody indique que, depuis quelques semaines, les appels de couples infertiles ont augmenté de 25 %. « L'idée de ces gens, dit-il, ce n'est pas seulement d'avoir un bébé, c'est vraiment de fonder une famille. J'ai le sentiment que cette nouvelle priorité est directement liée au désastre du 11 septembre. »
Au Diamond Institute for Infertility and Menopause de Millburn, dans le New Jersey, le Dr Matan Yemini explique que, immédiatement après les attentats, beaucoup de couples ont mis en veilleuse leur projet de concevoir un enfant par le biais de la fécondation in vitro. Mais rapidement, l'attitude générale des couples infertiles a changé. « Tous n'ont pas voulu engager la procédure, dit le Dr Yemini, mais ils ont commencé à parler beaucoup plus franchement des problèmes que leur cause leur infertilité. D'une certaine manière, le 11 septembre leur a ouvert l'esprit. »
Non seulement les couples sans enfant seraient plus nombreux à en vouloir, mais les jeunes femmes expriment à leur médecin leur souhait d'avoir une grossesse saine et sans problèmes ; elles sont disposées à ne plus boire une goutte d'alcool ou à renoncer aux cigarettes. Elles veulent réussir la mise au monde de leur futur bébé. Beaucoup demandent à leur gynécologue quelle forme de nutrition, par exemple, est la plus appropriée pour la grossesse, affirme le Dr Kenneth Johnson, de Fort Lauderdale, en Floride.
Médecins et infirmières insistent sur le fait que d'autres facteurs, économiques, par exemple, risquent d'avoir un effet contraire au projet de grossesse. A New York, une femme touchée par le chômage a décidé d'avorter. D'autres New-Yorkaises n'ont pas pu oublier la violence des tours en flammes et ont quitté la ville.
Wait and see
Douglas Bachter, un démographe qui travaille dans une université de Géorgie, ne cache pas son scepticisme : « Il faut attendre et voir, déclare-t-il au "Quotidien". S'il est vrai que la réaction des Américains intègres au massacre pourrait être d'augmenter le nombre de leurs enfants, la récession économique risque aussi de les décourager. En outre, ils se posent la question de leur qualité de vie. La peur les empêche de se déplacer, de voyager, de consommer, de se cultiver. Avant de mettre des enfants au monde, ils voudront être sûrs que leur progéniture bénéficiera des avantages économiques et sociaux que les attentats du 11 septembre ont quelque peu ébranlés. »
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