SELON les résultats d'une étude américaine, la consommation régulière de produits laitiers allégés en matières grasses augmenterait le risque d'infertilité anovulatoire. La consommation de lait entier et de crèmes glacées aurait, au contraire, un effet positif sur la fertilité. Ce phénomène pourrait être lié à la présence de substances liposolubles bénéfiques pour la fonction ovarienne dans la fraction grasse des laitages.
Ces conclusions, pour le moins étonnantes, sont issues d'une nouvelle analyse des données relatives à la cohorte de femmes américaines de la Nurses' Health Study II.
S'ils laissent entendre que les femmes désirant mettre en route une grossesse devraient manger davantage de laitages entiers et moins de produits allégés, les auteurs de cette étude insistent toutefois sur le fait que ce type de modification des habitudes alimentaires ne doit pas être mis en place au détriment de l'équilibre nutritionnel.
Le remplacement des laitages écrémés par des laitages entiers doit être accompagné d'autres changements permettant de maintenir constants les apports en calories et en lipides saturés.
18 555 qui avaient désiré mettre en route une grossesse.
Chavarro et coll. ont choisi de tirer profit de la masse de données recueillies au cours de l'étude prospective Nurses' Health Study II pour étudier l'influence de la consommation de laitage sur la fertilité féminine. Au sein de cette cohorte de plus de 116 000 femmes âgées de 24 à 42 ans, les chercheurs en ont identifié 18 555 qui avaient désiré mettre en route une grossesse au cours des huit années de l'étude. Parmi elles, 438 n'y sont pas parvenues en raison de troubles de l'ovulation.
En analysant les recueils alimentaires de ces femmes et en les comparant à ceux des femmes qui étaient parvenues à concevoir, Chavarro et coll. n'ont pu mettre en évidence aucun lien entre l'infertilité ovulatoire et la consommation de lactose ou de celle, globale, de produits laitiers.
Une différence significative est en revanche apparue, après séparation de la consommation de laitages riches en matières grasses (lait entier, crème glacée…) de celle des laitages allégés (lait écrémé, yaourts à 0 %…). Chavarro et coll. ont constaté que le risque d'anovulation augmentait de 85 % chez les femmes consommant quotidiennement au moins deux portions de laitage allégé en matières grasses, par rapport à celles ne consommant ce type de produit qu'une seule fois, ou moins, par semaine. Parallèlement, les chercheurs ont constaté que le risque d'infertilité diminue de 27 % dans le groupe des femmes qui mangent au moins un laitage entier chaque jour, par rapport à celles qui en prennent au maximum un seul par semaine.
L'ajout d'un yaourt allégé au régime quotidien.
Des analyses complémentaires indiquent que l'ajout d'un yaourt allégé au régime quotidien (avec un apport calorique journalier constant) augmente le risque d'infertilité anovulatoire de 11 %. A contrario, l'ajout d'un verre de lait entier (toujours dans le cadre d'un régime permettant un apport calorique quotidien constant) diminue ce risque de 22 %. De même, les femmes qui mangent de la crème glacée au moins deux fois par semaine montrent un risque d'infertilité anovulatoire inférieur de 38 % à celui des femmes qui ne s'offrent cette douceur qu'occasionnellement (moins d'un fois par semaine).
Ces résultats paraissent tellement incroyables que les auteurs admettent bien volontiers que des travaux complémentaires, portant sur d'autres cohortes féminines, devront absolument être menés afin de valider les conclusions aujourd'hui présentées.
J. E. Chavarro et coll., « Human Reproduction », édition en ligne avancée.
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