Comme en 2007, la Commission de la Transparence s’est autosaisie d’une réévaluation des médicaments de la maladie d’Alzheimer, disputant ainsi au Nice anglais l’enviable position de leader d’opinion mondial sur le sujet. Le résultat rendu public le 28 octobre est un jugement encore plus sévère que celui émis en mars par l’agence anglaise !
La dérive observée depuis 2010 dans l’obstination de la Commission à se concentrer essentiellement sur le rapport bénéfice/risque – gravité de la maladie, absence d’alternative thérapeutique passent quasiment à la trappe – touche à l’absurde : que signifie un service médical rendu jugé faible aujourd’hui qui conduit, en théorie à un remboursement à 15 % ? Rien sur le plan économique, les patients étant pris en charge en ALD. De la confusion pour les prescripteurs et les patients : si le rapport bénéfice/risque est si mauvais, pourquoi maintenir les autorisations de mise sur le marché ? Pourquoi le Nice pour sa part a jugé que l’évaluation du profil de tolérance de ces médicaments, bien documenté, n’avait somme toute pas changé depuis 2004 ?
La Commission déplore des études conduites après plus de dix ans de commercialisation peu démonstratives du bénéfice, trop courtes ; peut-être est-ce parce que les industriels, sur des produits régulièrement dévalorisés et en fin de brevet, n’ont pas d’incitation à investir davantage. Quant aux alternatives non médicamenteuses, on aimerait disposer d’évaluations aussi exigeantes que celles imposées au médicament.
Le plus grave dans cette affaire est le signal envoyé aux chercheurs et aux industriels dont la collaboration reste à ce jour la seule façon d’amener de nouveaux médicaments sur le marché : laissez tomber, vous n’arriverez jamais à répondre aux attentes de vos juges ! Surtout, au vu de l’échec ces dernières années de nouvelles approches pharmacologiques. Dommage, s’agissant d’un des plus grands fléaux du XXIe siècle et de la maladie emblématique de ce quinquennat présidentiel.
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