« Lucia di Lammermoor » à l'Opéra Néerlandais

L'aventure du bel canto

Publié le 18/11/2007
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Une interprétation convaincante et colorée de Lucia par Mariola Cantarero (dr)

POUR L'OPÉRA NÉERLANDAIS, plus spécialisé dans le répertoire du XXe siècle, le bel canto romantique est plutôt une aventure. Si le chef milanais Paolo Carignani a tout fait pour donner l'élan et le climat nécessaires à cette oeuvre de Donizetti directement inspirée par la brumeuse Écosse de Walter Scott (« The Bride of Lammermoor », 1819), on ne peut pas dire qu'il était entièrement suivi par le Nederlands Kamerorkest, un peu maigre de son pour cette grande salle et si peu italien de couleur et d'esprit. En revanche, le Choeur de l'Opéra néerlandais était tout à fait bien préparé pour cette oeuvre où sa participation est prédominante.

Un climat surnaturel.

La réhabilitation dans « l'Air de la folie de Lucia » d'un harmonica de verre prévu à l'origine par Donizetti et remplacé par la tradition par une flûte ajoutait au climat tout à fait surréel de cette scène.

Monique Wagemakers, qui a signé pour ce théâtre en 1996 un mémorable « Rigoletto », qui est toujours au répertoire, a opté pour une vision assez convaincante dramaturgiquement. Celle d'une Lucia adolescente et enfermée dans un monde protecteur déconnecté de la réalité. Scéniquement, cela se concrétise par un décor unique noir et blanc, sa chambre, transformable à vue pour l'intrusion du monde étranger dans son moi fragile. Sa folie prend une dimension tout à fait crédible après que son espoir d'amour s'est écroulé, même si les allusions à une automutilation parasitent un peu inutilement son jeu dans une scène suffisamment expressive musicalement.

L'Espagnole Mariola Cantarero (à qui succédera l'Italienne Cinzia Forte) n'est pas la plus typique des Lucia. Plus un soprano solide ayant de l'aisance dans le suraigu que le soprano colorature habituellement requis, elle donne cependant une interprétation très convaincante et colorée de l'héroïne au tempérament romantique. Son soupirant Edgardo, l'Espagnol Ismael Jordi (qui fut un des ténors du « Chanteur de Mexico » au Châtelet l'an dernier), a un charme vocal indéniable, un beau style belcantiste mais un volume vocal un peu insuffisant pour la taille de cette salle. Belles prestations vocales, sinon stylistiques, de la basse britannique Alastair Miles (Raimondo) et du baryton grec Tassis Christoyannis (Enrico).

De Nederlandse Oper au Muziektheater Amsterdam (+ 31.20.625.54.55 et www.dno.nl) les 20, 26, 28 et 30 novembre à 20 h. Prochain spectacle : « Daphné », de Richard Strauss, du 29 novembre au 29 décembre.

> OLIVIER BRUNEL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8259