CE N'EST PAS une course facile qu'ont visée Julien Feneon, 22 ans, et Morgan Beaurin, 23 ans, étudiants en DCEM2 à la faculté de médecine de Rouen, qui se sont rencontrés il y a trois ans dans un club d'escalade. La Translaponie, qui va d'Ivalo, en Finlande, à l'océan glacial Arctique, est un triathlon étudiant avec 10 km de ski de fond, 13 km de course de raquettes et une épreuve de motoneige (slalom, vitesse et orientation) de 600 km, le tout à une température de – 25°.
Les deux amis, actuellement en stage, l'un dans le service des maladies infectieuses et tropicales du CHU, l'autre aux urgences, ont commencé à s'en préoccuper il y a neuf mois, pour récolter les fonds nécessaires à l'inscription et aux vêtements techniques indispensables pour courir dans des conditions extrêmes. Pendant ces mois de gestation, ils y ont consacré une bonne partie de leur temps libre, pourtant rare, car pas question de négliger les gardes ni les cours à la faculté avec l'ECN dans la ligne, où ils entendent bien s'assurer une bonne place. Julien et Morgan considèrent en effet la validation de leurs semestres comme condition requise à tout projet extramédecine.
En dix-sept années d'existence, la Translaponie n'avait jamais eu d'étudiants en médecine parmi ses concurrents. Les deux garçons ont vite été surnommés «les docs». Appellation justifiée quand Morgan a dû s'équiper de sa lampe frontale pour réaliser sur Julien une ablation de fils de sutures (à la suite d'une chute lors d'une escalade sept jours avant le départ). «Morgan a su rester indifférent au froid pour manipuler sa lame de bistouri à proximité de mon menton, témoigne Julien. Il s'agit pour l'instant de l'ablation de suture la plus nordique qu'il ait réalisée.»
Une minute de trop.
Pour les deux sportifs, les épreuves ne commencent pas mal. Ils finissent premier de l'épreuve de ski de fond, mais à 1 seconde seulement devant les deuxièmes. Hélas, les quatre jours suivant, s'ils se débrouillent, sur leur motoneige, en slalom et vitesse, l'orientation leur coûte la première place du classement général. Le dernier jour, l'épreuve phare, 13 km en raquettes avec passages sur la glace d'un lac et dans la poudreuse, est épuisante. Quand ils partent, ils savent qu'ils doivent prendre sept minutes aux premiers. Une heure et vingt-deux minutes plus tard, ils arrivent... six minutes avant leurs principaux concurrents. Ce sera donc la deuxième place du classement général. Mais la satisfaction tout de même d'avoir su gérer leur effort pendant la course.
La course se termine le vendredi, le retour sur terre (médicale) est rapide. Dans la nuit du samedi, Julien enchaîne avec une garde de 24 heures au Samu qui sera plus qu'active. Passer du froid intense aux 25 degrés de l'hôpital demande aussi une adaptation rapide.
Mais, pour l'instant, rien n'arrête Julien et Morgan. Pour leur exercice futur, ils aimeraient associer médecine et aventure et espèrent pouvoir choisir comme spécialité l'urgence ou la réanimation afin de pouvoir médicaliser des raids, par exemple, ou «exercer l'art médical dans des milieux originaux (mer, montagne...)». En attendant, ils réfléchissent à leur prochain projet, qui pourrait les emmener cette fois en Afrique de l'Est, pour lutter contre le paludisme.
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