Sensible aux difficultés rencontrées par les buralistes depuis que le tabac est devenu hors de prix, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, leur a proposé un « contrat d'avenir ».
Nous ne nous appesantirons pas sur le contenu de ce contrat qui prévoit de nouvelles mesures de sécurité pour protéger les bureaux de tabac contre les cambriolages, une aide de 2 000 euros à la sécurité et un contrôle aux frontières des cigarettes de contrebande.
Ce qui nous semble absurde, c'est la collision entre la politique de santé et la politique fiscale du gouvernement. Si Jean-François Mattei taxe le tabac pour limiter le nombre de cancers et si la lutte contre l'alcoolisme est indispensable pour réduire le nombre d'accidents et de cirrhoses, comment les buralistes auraient-ils un avenir ? Pourquoi ne leur dit-on pas la vérité, à savoir que la licence délivrée par les autorités administratives pour qu'un commerçant ouvre un café-tabac se transforme aujourd'hui, pour de bonnes raisons mais aussi parce que c'est politiquement correct, en une licence d'empoisonner ?
Pourquoi, pour commencer, l'Etat ne se retire-t-il pas du contrôle qu'il exerce sur la vente d'alcool et de tabac puisque, idéalement, il ne faudrait vendre ni l'un ni l'autre ? Et dès lors qu'on ne veut pas interdire cette vente, mais qu'on souhaite son déclin dans les années à venir, pourquoi pousser l'hypocrisie et le mensonge jusqu'à dire aux buralistes qu'ils ont un avenir ?
Il serait infiniment plus sincère de leur annoncer qu'ils sont condamnés. Qu'entre leur survie économique et la survie des Français, le gouvernement a clairement choisi la seconde. Sans doute y a-t-il des non-dits liés aux raisons électorales. Mais pousser le bouchon jusqu'à promettre un avenir à ceux qui dispensent, avec l'aval des pouvoirs publics, des substances toxiques est consternant.
Un accès de franchise aurait amené le chef du gouvernement à dire aux buralistes : « Il y a cinquante ans, boire et fumer, c'était convivial et social. Aujourd'hui, aux yeux de la santé publique, ce sont deux crimes. Je suis désolé pour vous, mais au prix où je taxe vos produits, vous devez changer de métier. C'est la science médicale qui m'y contraint. Ainsi va la vie. Comme pour les intermittents du spectacle, le bon vieux temps est terminé. »
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