Arts
Contrairement à l'idée qu'on s'en fait volontiers, la Russie du début du XXe siècle n'était pas un désert culturel ni un foyer de conservatisme artistique. Les milieux éclairés étaient très attentifs à ce qui se passait en peinture à l'étranger. Beaucoup d'artistes russes voyageaient à Berlin, à Munich, à Paris, et s'en revenaient avec dans les yeux l'éblouissement de mouvements nouveaux - expressionnisme, fauvisme, cubisme -, qui devaient par la suite avoir une influence déterminante sur leurs uvres. C'est l'époque où apparurent également les grandes collections des mécènes et industriels, qui mettaient au goût du jour les expériences picturales françaises.
On l'aura compris, la vie artistique de Moscou et de Saint-Pétersbourg était ouverte sur le monde, et en pleine effervescence. Les rêves et les utopies étaient dans tous les esprits, les recherches et les expériences abondaient. Une floraison de mouvements anima pendant deux décennies la scène artistique russe.
Il est difficile de lire dans cette effervescence une unité autre que dans l'éclatement des formes. Malevitch est l'emblème de cette libération. Avec le suprématisme, il dépouillera la peinture jusqu'au « zéro des formes » (à voir dans l'exposition les impérissables « Carré noir », « Croix noire » et « Cercle noir »). Quand Malevitch réinterprète l'art populaire, Larionov, lui, peint des allégories rayonnistes, Machkov s'inspire de Matisse, Popova s'imprègne du cubisme, Gontcharova regarde vers le futurisme. De son côté, Vladimir Tatline oriente ses recherches picturales vers le cubisme. Avec ses « Reliefs », il est le principal chantre du constructivisme.
L'exposition, très thématique, dévoile encore des uvres d'Archipenko, de Chagall, de Gabo, de Kandinsky, de Lissitzky, de Pevsner, de Pougny, de Rodtchenko, de Rozano..., et celles d'artistes femmes qui jouèrent un rôle prépondérant à cette époque.
Ce bouillonnement artistique s'étendra, malgré la révolution de 1917, jusqu'aux années 1930. Mais le totalitarisme de Staline fera son uvre et signera bientôt la mort de toute liberté et audace créatives.
« La Russie et les avant-gardes », Fondation Maeght. 06570 Saint-Paul, jusqu'au 5 novembre. Tlj de 10 h à 19 h. Renseignements : 04.93.32.81.63. Catalogue de l'exposition, 320 pages, 40 euros, éd. Fondation Maeght.
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