C'EST VERS 20 HEURES que vous atterrissez au nouvel aéroport international de Samana. Le temps de croiser quelques bronzés en partance pour le froid parisien, la chaleur vous tombe sur les épaules, compacte, humide à souhait. Il pleut. Mais, en dehors des périodes d'ouragan – septembre-octobre –, les pluies restent de courte durée. La plupart du temps, il fait beau et chaud : de 26 à 29 °C invariablement, et cela quasiment dès le lever du jour.
Un chauffeur attend pour vous mener dans un lieu privilégié : l'île Cayo Levantado. Une heure et demie de route, avant d'atteindre le débarcadère privé de l'hôtel où un équipage vous mène en cinq minutes au ponton privé de l'hôtel Gran Bahia Principe Cayo Levantado, le dernier 5 étoiles construit dans le nord de l'île.
Cayo Levantado est un superbe îlot tropical situé en face de la ville de Santa Barbara de Samana, un diamant de sable blanc serti par l'émeraude des cocotiers et le turquoise de l'eau. L'îlot est divisé en deux : d'un côté, l'hôtel ouvert très récemment, qui ne propose que des suites juniors et des villas avec vue sur la mer et où l'on peut aussi profiter de deux piscines et de deux belles plages ; de l'autre côté, une plage publique particulièrement calme en début et en fin de journée, mais qui est envahie dès 10 heures par les croisiéristes qui viennent profiter d'une excursion indispensable sur la « terre ferme ».
Longue d'une soixantaine de kilomètres et large de vingt, la péninsule de Cayo Levantado concentre toutes les beautés et tous les contrastes de l'île : sur cette surface réduite, on trouve à la fois la montagne, la forêt tropicale exubérante (huit millions d'arbres), des villages traditionnels et de merveilleuses plages et baies sauvages. Aujourd'hui, Cayo Levantado est devenu le point d'ancrage de plus de deux mille Français qui travaillent dans le tourisme, la restauration, l'hôtellerie, le commerce et – hélas – dans l'immobilier. S'ils ont contribué à dynamiser l'économie locale, ils ont aussi participé au déchaînement de la spéculation immobilière…
Une ambiance cosmopolite.
Mais leur influence sur les villes côtières, et en particulier celle de Las Terrenas, reste unique. Jusqu'en 1990, ce petit village de pêcheurs n'était relié à Samana que par une route en terre. Attirés par ce petit coin de paradis, des Français, des Belges, des Suisses et des Québécois ont construit des cases, imaginé des restaurants, des bars, des boutiques, et ils ont même développé une école française où cent vingt enfants sont scolarisés. Aujourd'hui, dans une ambiance cosmopolite, on danse le merenge en sirotant un pastis et en écoutant les pionniers se plaindre de l'envahissement touristique, qu'ils ont pourtant bien encouragé.
La nuit, le malecon devient une piste de danse animée par de petits orchestres. Les Dominicains adorent danser et, dans ce pays, la musique et la danse font partie de la vie quotidienne. Partout, les rythmes syncopés du merenge et ceux plus chaloupés de la bachata s'échappent des colmados (épiceries), des bars, des autobus et même des voitures équipées de sonos impressionnantes qui circulent en ville. Pour s'en persuader, il suffit de sillonner les routes de cette île appelée aussi Quiqueya en taïno (langue originelle de l'île), c'est-à-dire « mère de toutes les terres ». Dans chaque village, les casitas bardées de planches colorées diffusent un flot considérable de décibels.
La balade à la cascade d'El Limon est un incontournable de la péninsule de Samana. A quatorze kilomètres de Las Terrenas, on peut louer des chevaux pour parcourir pendant trois heures les chemins tracés dans la forêt tropicale qui mènent à deux cascades, l'une de 10 mètres et l'autre de 50 mètres. On emprunte des sentiers étroits, passe par des bouts de forêt tropicale, traverse des rivières à gué, en profitant de panoramas impressionnants. A l'arrivée, il est possible de se baigner et même de passer derrière le rideau d'eau de la cascade au plus près de la roche. La montée à cheval se fait obligatoirement accompagnée d'un jeune guide qui trouve de façon régulière un moyen de gagner un peu d'argent. Effectuer la montée très tôt le matin permet de profiter de l'éveil de la forêt et d'éviter les hordes de touristes qui arrivent de Punta Cana en fin de matinée.

Une animation citadine très relative(DR)
Dans le parc national.
Cayo Levantado est aussi l'endroit idéal pour partir en exploration du parc national de Los Haitises. Après une heure de traversée de la baie, où il n'est pas rare de croiser des dauphins, on atteint des îlots verdoyants qui rappellent – en plus petits – ceux de la baie d'Along au Vietnam ou de la vallée de Vinales à Cuba. S'il est interdit de débarquer sur l'une des plages du parc, les balades dans la mangrove sont tout aussi agréables. Au milieu des palétuviers, ces arbres à racines, il est possible de visiter des grottes ornées de pétroglyphes. L'excursion dure généralement cinq heures, et être accompagnés par un guide francophone permet de profiter au mieux de l'histoire de la région et du pays, et d'être sensibilisés à ses particularités géopolitiques.
Un autre spectacle nous accueille dans le nord-est de la péninsule. Pour commencer, on traverse une gigantesque cocoteraie repue de chaleur. Ensuite, la côte aligne plusieurs kilomètres de sable blanc (Playa Dorada). On atteint alors la jolie ville de Las Galeras – un autre repaire francophone –, et les superbes plages très isolées et sauvages de Playa Ricon, de Playita et de Playa Fronton. Il y fait bon s'enivrer de vent salé, de sable soyeux et d'eaux translucides, «tranquilon», comme disent ici les Dominicains, avant de s'en retourner dans notre îlot de villégiature en une heure trente de route parsemée de nids-de-poule, où la vitesse atteint rarement plus de 40 km/h, ce qui permet de mieux profiter des paysages intacts traversés.
Mais pour combien de temps encore la péninsule de Samana restera l'endroit le plus secret des Caraïbes ? Espérons que le développement de l'aéroport international de Samana ne transforme pas cet éden sauvage en une vaste succession de clubs de vacances mondialisés et sans âme.
Pour partir
TRANSPORT
Air France propose des vols réguliers pour Punta Cana (à 5 heures de route ou à 30 minutes d'avionette de la péninsule de Samana) à partir de 793 euros TTC. Rens. : tél. 3654 ou www.airfrance.fr.
FORMALITÉS
Passeport en cours de validité, ou carte d'identité pour les voyages en groupe. Pas de visa pour un séjour de moins de 3 mois, mais carte de tourisme obligatoire à acheter avant le départ auprès du consulat ou sur place à l'aéroport. Coût : 15 euros. Attention, une taxe de sortie du pays de 25 USD par personne doit être acquittée au moment du départ. Prévoir cette somme en espèces.
HEURE LOCALE
Moins 5 heures en été.
CLIMAT
Le climat tropical, tempéré par les alizés, est chaud toute l'année : de 25 à 30 °C le jour, autour de 20 °C la nuit. La température de l'eau se situe entre 25 et 27 °C toute l'année.
MONNAIE
Le peso dominicain, mais pas le dollar américain, est accepté à peu près partout, surtout dans les hôtels et les restaurants. A La Terrenas, les euros sont aussi acceptés à peu près partout.
Les cartes de paiement sont également acceptées dans les établissements touristiques, mais certains commerçants taxent de 2 à 3 % supplémentaires pour leurs frais.
SÉJOURS
Marsans propose des séjours tout compris au Gran Bahia Principe Cayo Levantado, un établissement de luxe construit en 2006, à partir de 1 150 euros pour 9 jours et 7 nuits et de 1 820 euros pour 16 jours et 14 nuits HT en chambre double.
LOCATION DE VILLAS
Dans un magnifique parc tropical en bordure de plage, des villas tout équipées dont le prix de location comprend l'eau chaude, l'électricité, un service d'entretien de maison et de préparation du petit déjeuner et un accès direct à deux piscines. La gérante est suisse et le personnel parle français.
A partir de 190 euros par nuit pour 6 personnes en basse saison et jusqu'à 215 euros en haute saison.
Rens. : Costa Las Ballenas, Beach Properties, Playa Bonita, Las Terrenas, prov. Samana, République dominicaine. Tél. 809 240.5155. Fax 809 240.5152. www.costa-las-ballenas.com.
RENSEIGNEMENTS
– Office du tourisme de la République dominicaine, 11, rue Boudreau, 75009 Paris. Tél. 01.43.12.91.91 ou www.dominicanrepublic.com.
– Marsans, tél. 0.825.031.031, et dans la plupart des agences de voyage et sur www.marsans.fr.
Les baleines à bosse
De janvier à avril, il est possible, à partir de Cayo Levantado, de s'approcher des baleines à bosse. En effet, la baie de Samana abrite chaque hiver un millier de cétacés qui viennent se reposer et mettre bas avant de reprendre leur migration vers l'Atlantique Nord. Ces baleines mesurent entre 12 et 15 mètres de long, et elles pèsent entre 40 et 60 tonnes. Ludiques et joyeuses, elles sont capables d'effectuer des sauts époustouflants. Quelques traits physiques : corps noir ou gris foncé, avec des taches blanches sur les nageoires. Sur le museau et le menton, des nodules, sortes de protubérance de la taille d'une orange. Pas de dents, bien sûr, mais des centaines de lames en corne qui retiennent la nourriture. Plusieurs agences vendent l'excursion, la plus ancienne étant tenue par une Canadienne anglophone, Kim Beddall – qui a largement participé à la protection des mammifères marins.
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