DANS UN CÉRÉMONIAL martial, une section de soldats relève la garde chaque heure au pied du monument le plus emblématique de Taïwan, une statue en bronze de vingt-cinq tonnes représentant l’ancien président Tchang Kaï-Chek. On vient ici en pèlerinage. L’écrin du mémorial est considérable : un bâtiment de marbre blanc haut de soixante-quinze mètres surplombant un jardin de vingt-cinq hectares. Les bâtisseurs ont repris l’architecture classique chinoise telle qu’on peut la voir dans la Cité interdite, à Pékin.
A l’intérieur, dans d’immenses salles à la gloire du fondateur du pays, on a aligné ses limousines noires – un peu comme au salon de l’auto –, un joyeux bric-à-brac d’uniformes, de décorations, de photographies et de grands tableaux réalistes qui retracent la vie mouvementée du maréchal. Ses campagnes chinoises, ses batailles mémorables, la construction du pays.
Vaincu par les troupes communistes, le chef des Chinois nationalistes s’est donc réfugié en 1949 dans l’île qu’on appelait Formose, le nom que lui avaient donné les navigateurs portugais en 1590. Depuis plusieurs siècles, l’île était progressivement devenue une province chinoise puis un Etat indépendant que revendique toujours la Chine continentale. Aujourd’hui, la tension entre les deux pays est parfois vive.
Pour la jeune génération, joyeuse et dynamique, tous ces drames anciens sont aussi éthérés que les brumes qui enveloppent les montagnes du sud pendant la mousson.
Du haut de la Tour 101.
Taipei, la capitale, est l’une des villes les plus modernes du monde. Les bulldozers ont laissé quelques jolies maisons anciennes aux toits vernissés, mais la cité chinoise est devenue un invraisemblable Manhattan asiatique avec une forêt de tours miroirs, des cascades de béton, des flèches de verre et de fer. Celle dont les Taïwanais sont le plus fiers est la Tour 101, considérée comme le plus haut gratte-ciel du monde : 508 mètres, 101 étages. Son architecture audacieuse symbolise un bambou à huit sections, le chiffre de la chance chez les Chinois. Bref, Taiwan est un pays neuf qui ne renie pas son passé.
Le musée national concentre l’une des plus belles collections d’art chinois couvrant quatre millénaires. Au total, plus de dix mille objets – bronzes, jades, livres rares, calligraphies – rapinés par les troupes nationalistes en retraite et exposés dans des bâtiments qui ne cessent de s’agrandir.
Visite au monastère bouddhiste Foguangshan. La petite Chine est une terre de tolérance religieuse. Toutes les croyances se côtoient harmonieusement : le bouddhisme et le taoïsme (ce sont les plus nombreux), mais aussi le confucianisme, le christianisme et l’islam. Un dicton prétend que, «chaque jour, on célèbre l’anniversaire d’au moins un dieu». Ce monastère, dont le nom signifie « la montagne de la lumière de Bouddha », est l’un des plus grands du monde. Construit dès l’arrivée des Chinois nationalistes dans le sud-est de l’île, près de Kaohsiung, il abrite un millier de moines et de nonnes, et reçoit chaque année un million de pèlerins. Son fondateur, le vénérable Hsing Yung, est venu prêcher ici un bouddhisme humaniste et universel.
Une île à grand spectacle.
Près de Puli, dans le centre de l’île, un autre monastère, celui de Chung Tai Chan, est grand comme Saint-Pierre de Rome. Une construction démesurée qui tient du centre de congrès ou du grand magasin. Des statues immenses, des bibliothèques, des salles de conférences et des sanctuaires enveloppés sous une coupole colossale. Dans leur habit gris, les moines pratiquent trois doctrines : la sagesse, la charité et le samadhi (une forme originale de spiritualité prêchée par le maître Wei Chueh).
Enfin, Taïwan est une île à grand spectacle. Tournée vers le Pacifique, la côte orientale de l’île déroule d’immenses aplombs couverts de forêts denses et de hautes montagnes surgies de l’océan. De cet ensemble chaotique, les gorges de Taroko, qui serpentent de la côte jusqu’au coeur des montagnes sur une vingtaine de kilomètres, répandent un parfum de commencement du monde. La rivière Liwu a sculpté dans le marbre pendant quatre millions d’années ce grand canyon torturé.
Lever de soleil à la cime du mont Yushan (la montagne de Jade), 3 952 m, le plus haut sommet de l’Asie du Nord-Est. Doucement, la mer de nuages s’évapore révélant des montagnes verdoyantes, des pics acérés et des vallées profondes. Dans le district de Nantou, le lac du Soleil et de la Lune, avec ses eaux limpides et ses teintes délicates, distille la beauté sereine qu’on retrouve dans les lavis chinois.
Ainsi, l’île chinoise représente un condensé original d’une Chine continentale qui n’aurait pas connu les affres de la révolution culturelle. En 1973, Hergé s’est rendu à Taïwan, pour son premier voyage en Chine. Le père de Tintin était invité par le gouvernement de Tchang Kaï-chek en raison des services qu’il avait rendus à l’empire du Milieu en publiant « le Lotus bleu ».
Pour partir
TRANSPORTS :
Eva Air, première compagnie aérienne privée de Taïwan, assure une liaison directe Paris-Taipei trois fois par semaine (lundi, jeudi et samedi). Durée du vol : 13 h 30. Eva Air propose une classe très confortable (Evergreen Deluxe) pour moins de 1 000 euros aller-retour. Rens. : Eva Air. Tél. 01.41.43.91.11 et www.evaair.com.
FORMALITÉS :
Passeport valable six mois après la date d’entrée. Pas de visa pour un voyage inférieur à 30 jours.
LANGUE :
Le mandarin, langue officielle, mais l’anglais est très largement pratiqué.
DÉCALAGE HORAIRE :
+ 6 h en été et + 7 h en hiver.
SANTÉ :
Aucune vaccination exigée.
MONNAIE :
Le new Taïwan dollar(NTD). 1 euro = 40 NTD. Cartes de crédit acceptées partout.
CLIMAT :
Subtropical au nord et tropical au sud. Saisons les plus agréables : printemps et automne.
HÔTELS :
Comme souvent en Asie, les hôtels de Taïwan sont d’une très grande qualité. Coup de coeur pour l’hôtel The Lalu Sun Moon Lake, établissement de luxe surplombant, comme son nom l’indique, le « lac du Soleil et de la Lune », situé au centre l’île, haut lieu de villégiature taïwanaise. Architecture zen et raffinée, restaurants chinois et japonais, spa et salle de fitness. Chambre à partir de 345 euros la nuit (rens. : www.thelalu.com.tw). Et pour le Grand Hôtel, un monument incontournable, avec ses toits incurvés et ses centaines de colonnades vermillon, construit et décoré par Mme Rcchag Kaï-chek dans les années cinquante. Chambre à partir de 240 euros la nuit (rens. : www.grand-hotel.org).
SÉJOURS:
– Yoketaï, spécialiste de l’Asie, propose un circuit « Taïwan. Découverte de l’île de Formose » de 9 jours pour 2 460 euros Paris/Paris.
– Asia propose des forfaits vol Paris/Taipei A/R + transfert A/S + une nuit d’hôtel en petit déjeuner à partir de 771 euros Paris/Paris à coupler avec l’itinéraire très complet « le Lotus de Confucius », de 8 jours/7 nuits, à partir de 2 338 euros Taipei/Taipei.
RENSEIGNEMENTS :
– Taïwan Tourism Bureau. c/o Interface Tourism, 11 bis, rue Blanche, 75009 Paris. Tél. 01.53.25.12.01.
– Bureau de représentation de Taipei en France, 78, rue de l’Université, 75007 Paris, France. Tél. : 01.44.39.88.30. Fax 01.44.39.88.71.
– Yoketaï. Tél. 01.45.56.58.20 et www.atlv.net.
– ASIA. Tél. 01.44.41.50.10 et www.asia.fr.
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