LES DIFFERENCES des résultats obtenus selon que la surveillance de la tension est réalisée à la maison ou en centre de soins ne sont pas très importantes. Mais le meilleur contrôle obtenu par l'automesure est suffisant pour « contribuer à une réduction importante des complications vasculaires dans la population des hypertendus ».
Francesco Cappucio et coll. (St George's Cardiovascular Research Group, Londres) ont fait une revue de la littérature des études sur le monitorage à la maison de la tension artérielle. Ont été retenues les études avec au minimum une prise tensionnelle réalisée par le patient ou avec l'aide d'un membre de son entourage. En réalité, le rythme des enregistrements s'échelonne de quotidiens à hebdomadaires.
Une métaanalyse.
Une métaanalyse de l'efficacité de ce type de surveillance a été réalisée en comparant avec la surveillance traditionnelle en centre médical pour dix-huit études randomisées.
Les auteurs ont chiffré des différences de résultats concernant les PAS (systolique), les PAD (diastolique), les PA moyennes, ainsi que la proportion de patients atteignant les objectifs tensionnels fixés à la base.
Les résultats montrent que tous ces chiffres sont inférieurs dans le pool des patients surveillés à la maison. En comparant les deux modes de surveillance, les différences standardisées moyennes sont : 4,2 % pour la PAS, 2,4 % pour la PAD et 4,4 % pour la tension moyenne.
Ensuite, le risque relatif d'un résultat tensionnel supérieur aux chiffres prescrits au moment de l'instauration du traitement est également réduit pour la prise tensionnelle au domicile, comme en témoigne un risque relatif de 0,90. Ce qui se traduit par un taux de 10 % de sujets supplémentaires atteignant les objectifs.
« Cela peut représenter une perspective utile pour l'amélioration de la prise en charge de l'HTA, en particulier pour réduire le risque des complications cardio-vasculaires et notamment des AVC », écrivent les auteurs.
Hypertendus légers à modérés.
La conclusion pratique est que la méthode est applicable à la population des hypertendus légers à modérés, soulignent-ils. D'autant que de nombreux travaux attestent que le monitorage au domicile de la TA est maintenant couramment proposé par les médecins généralistes et facilement accepté par les patients. Les tensiomètres électroniques sont de plus en plus populaires et les chiffres rapportés par les patients sont fiables.
Les raisons du résultat rapporté par Cappucio et coll. ne sont pas très claires. Il est notoire que la prise de tension en dehors de la présence d'un soignant permet de faire le diagnostic d'hypertension « blouse blanche » lorsqu'une hypertension apparemment essentielle est diagnostiquée par un médecin. Selon toute probabilité, l'explication fait intervenir un facteur de stress, important chez certaines personnes, et qui s'atténue en dehors du milieu médical. On peut aussi considérer que l'automesure tensionnelle donne une meilleure conscience de la maladie par le sujet, le faisant participer activement à sa prise en charge. L'observance des prescriptions diététiques ou médicamenteuses peut s'en trouver améliorée.
« British Medical Journal », publication avancée en ligne.
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