UN AN APRES le meurtre d'une infirmière et d'une aide-soignante à l'hôpital psychiatrique de Pau (Pyrénées-Atlantiques), la question de la responsabilité pénale du meurtrier présumé, un jeune homme souffrant de troubles mentaux, devient essentielle.
Romain Dupuy est-il pénalement responsable de ses actes ? Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, il s'introduit dans un pavillon du centre hospitalier des Pyrénées (CHP), puis il tue les deux employées de garde avec son couteau, en s'acharnant sur les corps. Jusqu'à présent, les experts ont tenu des propos plutôt divergents. Afin d'y voir plus clair, le juge Christian Donnadieu, qui instruit l'affaire, vient d'ordonner une contre-expertise psychiatrique.
Un premier examen avait conclu que le discernement de l'assassin présumé, aujourd'hui interné à l'unité pour malades difficiles de l'hôpital psychiatrique de Cadillac en Gironde, était altéré, mais pas aboli. Pour la justice, cela signifie que Romain Dupuy, mis en examen le 3 février pour « meurtres sur professionnels de santé », peut être renvoyé devant une cour d'assises.
En revanche, une autre expertise, effectuée pour une instruction annexe concernant les circonstances de l'arrestation de l'assassin, évoque une faculté de jugement et d'appréciation abolie ; ce qui plaide pour l'irresponsabilité pénale.
Or l'avocat du mari d'une aide-soignante tuée, Me Yves Darmendrail, fait remarquer que les experts se sont intéressés à l'état psychique du sujet au moment où celui-ci a tenté de tirer sur les policiers et non pas durant le drame. Pour l'homme de droit, des éléments dans le comportement du criminel tendent à indiquer qu'il « avait manifestement le contrôle de ses actes » dans la nuit du 17 au 18 décembre. A l'inverse, Me Christian Saint-Palais, défenseur de Romain Dupuy, est convaincu « que ce garçon n'était pas dans un état normal [...]. De manière incontestable son acte est lié à la maladie », affirme-t-il.
Après son arrestation, Romain Dupuy, ancien patient du CHP, a avoué assez rapidement, son empreinte ADN l'ayant déjà confondu. « Il se trouve dans un délire paranoïaque. Il se sent agressé et son geste est proportionnel à l'agression qu'il dit avoir subie », commente Me Christian Saint-Palais, selon qui « on peut légitimement » s'interroger sur « l'adéquation des soins prodigués » à son client. Mais pour son confrère Yves Darmendrail, « aborder aujourd'hui les soins conduit à faire par avance de Romain Dupuy une victime », alors que le problème majeur, à son avis, consiste à résoudre le problème de la responsabilité pénale. De son côté, Me Gilbert Collard, conseil du frère de l'infirmière assassinée, annonce le dépôt d'une plainte, « courant janvier », contre le CHP pour « défaut de sécurité ».
Un an après, les traces laissées par le double meurtre sur le personnel du CHP sont réelles et profondes. « On est loin d'imaginer le traumatisme vécu », témoigne le directeur, Alain Debetz, qui fait état d'un « absentéisme important », tandis que la médecine du travail réfléchit à la mise en place d'une cellule d'accueil post-traumatique pour aider les employés.
Une plaque commémorative
Une plaque commémorative a été apposée au centre hospitalier des Pyrénées à Pau, en mémoire de l'infirmière Chantal Klimaszewski et de l'aide-soignante Lucette Gariod, tuées à l'arme blanche dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004.
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