Lauréats ex-aequo: Dr Patrick Ouvrard et 13 internes de Paris Descartes

Ce n’est pas un hasard si le Dr Ouvrard est un adhérent de la première heure de la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG). « Le champ des activités de formation pour un médecin généraliste est pluriel, explique le praticien qui a déjà présenté son projet d’anthropologie médicale en 2009 devant les confrères réunis au sein de la Wonca. Son projet ? C’est, « sur le terrain, un groupe d’une vingtaine de médecins généralistes qui se sont mis dans la situation d’un anthropologue pour appréhender les pratiques de santé dans plusieurs pays », développe le Dr Ouvrad. En pratique, ils ont pris ensemble l’avion pour le Sénégal, le Bénin, l’Inde du Sud (avec la région du Kerala et Tamil Nadu), ainsi que l’Himalaya.

A l’issue de leur immersion, les généralistes partagent et échangent au sein de groupes de pairs. Mais surtout, évaluent les changements induits dans leur pratique de généraliste avec la supervision d’un anthropologue professionnel. « Cette méthode pédagogique a donné lieu à l’établissement d’une grille d’évaluation des consultations », explique Patrick Ouvrard. Qu’apprend t-on ainsi de l’observation de la pratique des autres ? Beaucoup de choses, selon le praticien pour qui ce nouveau concept de développement professionnel continu participe véritablement de l’amélioration de la pratique en médecine générale, puisque, insiste-t-il, «les utilisateurs de la grille d’évaluation, ont eux-mêmes constaté une modification de leur attitude dans leur pratique quotidienne. Ces derniers admettent désormais mieux appréhender la dimension narrative de la consultation ».

« C’est un travail d’équipe », insiste en préambule Clément Morin qui a reçu le prix DPC au nom de ses 12 condisciples du DU de médecine générale de l’Université Paris Descartes. Autant donc leur laisser la parole : « nous sommes treize internes de DES de médecine générale qui avons effectué notre stage chez le praticien. Entre novembre et mai 2011, nous avons participé à un groupe d’échanges de pratique (GEP) que le département de médecine générale de notre faculté a mis en place depuis quelques années... », sous la direction du Dr Jean Bramy. Et c’est ce retour d’expérience, qui a donné lieu à la rédaction en commun d’un article de réflexion collective « sur un modèle adapté au Développement professionnel continu en médecine générale », et a qui a valu à ces futurs généralistes d’être distingué par nos Grands Prix. L’autre lauréat ex-aequo de la catégorie ne tarissait pas d’éloges d’ailleurs sur le travail réalisé par ses jeunes confrères. « Au-delà de la démarche elle même qui est vraiment très intéressante, je suis admiratif que des internes, futurs praticiens, s’emparent si tôt, avant même leur installation, de cette problématique du DPC », relevait ainsi Patrick Ouvrard à l’issue de la cérémonie de remise des prix.

Au fait, qu’ont conclu les jeunes auteurs de leur expérience inédite ? « Les échanges du GEP ont permis de diminuer l’appréhension que nous avions en tant que jeunes praticiens face à certaines situations cliniques mais aussi de poursuivre ce type de pratiques tout au long de notre carrière ». Quant au travail collectif de rédaction, ce dernier a également été une expérience passionnante que nous souhaitons recommencer le plus rapidement possible ». L’article de nos treize lauréats devrait être prochainement publié dans une revue universitaire, afin « d’ouvrir un débat avec nos collègues des autres facultés», se réjouit Clément Morin.

Cette généraliste de la Cité Phocéenne est une élue de l’URPS PACA. Et c’est dans ce cadre, depuis février 2010, qu’elle propose deux samedis matins par mois aux professionnels de santé de sa région, de participer à un « café philo ». Une initiative novatrice qui a trouvé son public. En effet, les débats autour de la mort, de la bioéthique, du sens donné au soin, attirent des participants de divers horizons professionnels : médecins généralistes, certes, mais aussi psychiatres et paramédicaux qui trouvent dans ces rendez-vous une occasion de réfléchir sur le sens de leur travail.