Fécondation in vitro

L'atout économique des FSH urinaires

Publié le 03/06/2004
Article réservé aux abonnés

CETTE ETUDE médico-économique a été présentée par le Dr J. de Mouzon (Inserm 569, hôpital du Kremlin-Bicêtre) dans le cadre du 1er Congrès euro-asiatique de gynécologie obstétrique, à Saint-Pétersbourg.
Le Dr J. de Mouzon a rappelé que les inducteurs utilisés dans le cadre de la PMA ont beaucoup évolué au cours des dernières années : citrate de clomifène puis gonadotrophines (d'abord associées puis utilisées seules), ces dernières ayant elles aussi changé. L'HMG était majoritairement utilisée au début, remplacée par la FSH urinaire à la fin des années 1980, celle-ci cédant la place aux FSH recombinantes à la fin des années 1990. Lors du franchissement de cette dernière étape, on a mis en avant des arguments portant sur l'amélioration de l'efficacité et de la sécurité sanitaire. Des arguments qui doivent être relativisés, estime J. de Mouzon, d'une part « parce qu'il n'existe pas de preuve scientifique d'un risque sanitaire des produits obtenus par extraction urinaire ». Par ailleurs, poursuit le Dr J. de Mouzon, « l'augmentation du taux de grossesse est, au mieux, modérée » (avec la FSH recombinante) : écart d'efficacité de 3,7 % en faveur de la FSH-r, selon la métaanalyse de Daya ; absence d'efficacité, selon l'étude de Frydman et coll., essais randomisés en double aveugle comparant strictement FSH-r et FSH urinaire hautement purifiée. Une équivalence reconnue par les recommandations britanniques en février 2004 (Ccwch, commissionné par le National Institute for Clinical Excellence ou Nice). D'ailleurs, note J. de Mouzon, les AMM des FSH urinaires n'ont pas été retirées et de nouvelles spécialités ont été autorisées tant en France qu'en Europe et aux Etats-Unis (Fostimon est l'unique représentant, en France, de ces FSH urinaires hautement purifiées). Dans ces conditions, il est légitime de comparer le coût de la FIV, en utilisant soit un FSH-r soit un FSH urinaire, ce qu'a fait J. de Mouzon.

Une méthodologie rigoureuse.
Dans cet objectif, l'auteur s'est servi des données officielles (Fivnat, bilans officiels des centres de PMA autorisés ...) : en tenant compte des différences de consommation moyenne par cycle (2 602 UI pour la FSH urinaire et 2 369 UI pour la FSH-r) et en prenant comme coût de la FSH-r le coût moyen des stimulations par follitropine bêta et alpha. J. de Mouzon constate que le coût moyen d'un cycle complet de FIV (stimulation, ponction, transfert) est de 2 422 euros avec la FSH-u HP, contre 2 959 euros avec la FSH-r.
Puis J. de Mouzon a repris les données d'activité sur une année (1999) : 40 000 cycles de FIV ayant abouti à une ponction d'ovocyte ont été répertoriés et, comme cela correspond à environ 88 % des cycles initiés, le nombre de ces derniers est aussi de 45 455. Si l'on minore le coût du cycle initié pour tenir compte des annulations de ponction et autres interruptions de procédures (2 247 euros pour FSH-u et 2 784 euros pour la FSH-r), on aboutit à un constat clair : si les 45 455 cycles initiés en 1999 l'avaient été avec de la FSH-u HP, le coût annuel aurait été de 102 millions d'euros, contre 126,6 millions d'euros avec la FSH-r, ce qui représente près de 25 % du coût total.
Enfin, reconnaît J. de Mouzon, la finalité vraie d'une FIV étant la naissance d'un enfant viable, la comparaison économique doit aller jusque-là, en incluant la grossesse et la période néonatale. Pour cela, l'auteur a retenu les deux hypothèses d'efficacité, celle de Daya (+ 3,7 % pour la FSH-r) et celle de Frydman (équivalence) : dans le premier cas, le taux de grossesses cliniques est de 23 % pour la FSH-r et de 19,3 % pour la FSH-u ; dans le second, il est de 23 % pour les deux types de gonadotrophines. Ainsi, un écart de coût allant de 24 à 31 millions d'euros apparaît en faveur de la FSH urinaire hautement purifiée, conclut J. de Mouzon.

1) Dans le cadre du 1er Congrès euro-asiatique de gynécologie obstétrique, à Saint-Pétersbourg. Symposium organisé avec le concours des Laboratoires Genévrier.

> Dr ALAIN MARIÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7553