Dans une petite ville du Kentucky, Pikeville, une jeune fille de 16 ans ne va plus au lycée. L'année dernière, un imbécile a aspergé de parfum Kristian Childers, ce qui a entraîné, chez la malheureuse élève, un asthme virulent qui l'a conduite à l'hôpital.
Ses parents, indignés comme il se doit, se sont emparés et réclament l'interdiction, pour tous les élèves, d'utiliser de l'eau de Cologne, des parfums ou des déodorants. Les dirigeants du lycée ont rejeté la requête le 17 septembre, en s'appuyant sur le droit inaliénable des élèves à observer les règles d'hygiène. « On ne peut pas empoisonner la vie de tout un lycée sous le prétexte qu'une seule élève est asthmatique, affirme un banquier de Pikeville, membre du conseil d'administration du lycée Shelby Valley High School. Interdire à un élève d'utiliser un déodorant après le cours de gymnastique, c'est lui créer un problème, à lui et à ses parents. »
« Il ne s'agit pas seulement de mon cas personnel, rétorque Kristian, mais de tous les lycéens qui ont un asthme. Je ne leur souhaite pas de vivre les moments extraordinairement pénibles que j'ai vécus. »
Les parents de la jeune fille, qui poursuit sa scolarité à domicile, ont annoncé leur intention de traîner en justice les dirigeants du lycée. Des lois fédérales et des lois du Kentucky prévoient que les établissements scolaires doivent prendre des dispositions pour tout élève présentant un handicap. Et ils considèrent que l'asthme de Kristian en est un. Sa mère, Doris, démontre que l'incident provoqué par l'auteur de la mauvaise blague qui a aspergé sa fille de parfum aurait été empêché si le lycée avait pris des mesures de protection. « Kristian s'est battue toute sa vie pour respirer. Elle aurait dû bénéficier d'une protection particulière contre ce genre d'incident ; et maintenant, elle ne devrait pas être condamnée à rester à la maison uniquement parce qu'elle est asthmatique. »
Le proviseur, Forrest Dale Johnson, indique que l'interdiction d'apporter des parfums, de l'eau de Cologne ou des déodorants au lycée ne pourrait être appliquée que si tous les lycéens étaient fouillés avant la classe. « Il se peut, dit-il, que la famille Childers nous fasse un procès, mais nous en aurions des centaines si nous procédions à ces fouilles. » Doris Childers reconnaît que le lycée a pris un certain nombre de dispositions concernant sa fille, notamment en utilisant des détergents non allergisants pour le nettoyage des locaux et en lui accordant une salle où il est interdit de fumer (ce qui indique par ailleurs que l'interdiction de fumer n'est pas générale dans ce lycée).
L'affaire est moins anodine qu'on ne pourrait le croire. Le problème est largement répandu aux Etats-Unis puisque le Center for Disease Control and Prevention (CDC) va lancer un programme destiné à encourager les établissements scolaires à prendre des mesures permettant aux asthmatiques d'éviter tout risque. Et dans les cabinets médicaux du Kentucky, où les asthmatiques sont anormalement nombreux, des affiches demandent aux patients de ne pas porter d'eau de Cologne ou de parfum par respect pour les asthmatiques. Et le dernier mot revient à Doris Childers : « Bon sang ! Ils ont bien interdit le chewing-gum. Qu'est ce que ça leur coûte d'interdire l'eau de Cologne ? »
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