Les études actuelles tendent à prouver qu'une forte exposition aux allergènes d'animaux, notamment de chats, diminue le risque allergique chez l'enfant (« le Quotidien » du 30 août 2002). Cet effet protecteur est une nouvelle fois confirmé par une étude américaine, coordonnée par le NIH (National Institutes of Health), le NIAID (National Institute of Allergy and Infectious Diseases et le NIEHS (National Institute of Environmental Health Sciences). Ses résultats, publiés dans le « Lancet » apportent cependant une nuance importante : si le contact précoce avec les chats est bénéfique pour la majorité des enfants, certains devront éviter leur présence à la maison, en particulier ceux dont la mère a déjà des antécédents d'asthme.
Les 448 enfants suivis dès la naissance jusqu'à l'âge de 5 ans avaient tous, en effet, des antécédents familiaux d'atopie, par leur mère ou leur père. Parmi eux, seuls ceux dont la mère était asthmatique ont présenté un risque plus élévé de dyspnée asthmatiforme lié à une exposition aux allergènes de chat.
Un risque multiplié par 2
Juan C. Celedon et coll. tentaient, par ce travail, de mesurer l'association entre l'exposition à des animaux domestiques (chats et chiens) et l'apparition de signes d'asthme (respiration sifflante persistante). Pour cela, le taux d'exposition aux allergènes a été mesuré au domicile des enfants au 2-3e mois et un questionnaire (tous les quinze jours pendant deux ans, puis tous les six mois) devait recenser les événements cliniques de la vie de l'enfant.
Eu égard au risque allergique, l'analyse a fait ressortir deux groupes d'enfants : ceux dont la mère souffre d'asthme et ceux dont la mère est indemne de la maladie. Aucune association n'a, en effet, été retrouvée entre le statut allergique du père et le risque d'asthme chez l'enfant.
Parmi les enfants dont la mère n'a aucun antécédent d'asthme, ceux qui ont été très tôt en contact avec des allergènes de chat ont présenté moins de signes d'asthme que ceux qui n'ont pas été exposés à ces allergènes. Cette diminution de 40 % du risque s'est maintenue tout au long des cinq années de l'étude. Le taux d'IgE total à 2 ans, également plus faible dans ce groupe, témoigne probablement d'une modification de la réponse T-helper 2.
A l'inverse, si la mère est asthmatique, le risque s'élève en cas d'exposition précoce aux allergènes et croît régulièrement chaque année : 2 fois plus important à l'âge de 3 ans, il est plus du triple de celui observé chez ceux qui n'ont pas été exposés.
« C'est la première fois qu'est mise en évidence l'influence de l'histoire médicale de la mère sur le lien entre exposition aux allergènes et risque d'asthme chez l'enfant. » On ne sait si cette influence est due à des facteurs génétiques ou environnementaux.
Les auteurs précisent que cette relation n'existe pas pour les allergènes de chien qui n'influent pas sur la fréquence des signes respiratoires. Selon eux, une des limites de l'étude est que l'existence de tels signes avant 5 ans ne permet pas de prédire la survenue ultérieure d'un asthme, même si elle en accroît le risque. Avec l'accord des parents, l'étude devrait se poursuivre. Cela permettra de tester le groupe à risque pour les allergènes de chat et d'acariens, ce qui n'a pu être fait dans cette première phase. Les auteurs vérifieront par ailleurs que l'effet protecteur se maintient dans l'autre groupe, au-delà de l'âge de 5 ans.
« Lancet », vol. 360, 7 septembre 2002, p. 781-782.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature