Ils seraient environ 4,5 millions en France, soit un million de plus qu’en 1998. L’Irdes qui consacre sa dernière étude aux asthmatiques montre d’abord que la prévalence de cette pathologie progresse dans notre pays. Et cela ne résulte pas seulement de la croissance démographique de la population en général. Les chercheurs estiment en effet à 6,7% la prévalence de l’asthme en 2006, contre 2 à 3% il y a vingt ans.
Dans le détail, la prévalence diminue entre 20 et 50 ans et progresse de nouveau ensuite. C’est dans le sud-ouest qu’on rencontre le plus de personnes atteintes (7,8%) et dans l’Est que le taux est le plus bas (5,2%). Enfin, si les prévalences hommes-femmes sont similaires, on relèvera une surprésentation des garçons avant 15 ans, et du sexe féminin au-delà.
Outre une confirmation de la plus grande fréquence de la maladie, l’étude donne des précisions sur ses degrés de sévérité. On retiendra que globalement, 71% de la population des asthmatiques ne présentent que des signes cliniques intermittents, contre 22% qui ont des signes cliniques légers à modérés et 6% seulement qui souffrent de signes cliniques persistants sévères.
Tout un cortège de pathologies accompagne l’asthme
Mais au-delà des symptômes spécifiques, l’asthme retentit aussi sur l’état de santé général de l’individu. Plus d’un asthmatique sur six est obèse contre une personne sur dix en population générale. L’Irdes relève aussi chez les personnes sujettes à l’asthme beaucoup plus de rhinite allergique (27,6% contre 5,3%), de dépression (20 contre 13%), d’eczéma (10 contre 5%), de RGO (9,3% contre 5,1%) et même de migraine (11,2% contre 6%) que dans la moyenne des non asthmatiques.
Au-delà même de ces cinq affections, les asthmatiques déclarent plus de maladies que les non asthmatiques. Et en bonne logique ils se perçoivent aussi globalement en moins bon état de santé : 15% des premiers jugent le leur « très bon », soit moitié moins que la moyenne des assurés exempts d’asthme. Nouvelle preuve de cette santé dégradée, le fait que 23% des asthmatiques (soit 10 points de plus que la moyenne de la population) soit en ALD, et un tiers seulement d’entre eux au titre de leur asthme.
L’Irdes s’est également intéressé au recours aux soins et aux traitements des asthmatiques. Bon an mal an, un patient sur trois a consulté un médecin ou est allé aux urgences au cours des douze derniers mois à l’occasion d’une crise. Et presque 3% déclarent avoir été hospitalisés pour les mêmes raisons. Mais seulement 11% ont vu un pneumologue dans l’année.
S’agissant des soins, l’Irdes relève que les années 2000 se sont traduites par « une baisse de la mortalité et des hospitalisations.» Mais concernant les médicaments, les chercheurs concluent qu’on peut encore mieux faire. Il y a, selon eux, encore des marges de progression pour améliorer l’adéquation de ceux-ci à l’état du patient, confirmant ainsi un précédent constat fait il y a quelques années par le service médical de la Cnamts. Globalement, 53% prennent un traitement à la demande et 47% un traitement de fond. Mais l’étude souligne aussi que trois asthmatiques sur dix ne prennent qu’un traitement à la demande alors que leurs symptômes justifieraient un traitement de fond. De même parmi les asthmatiques totalement non contrôlés, un quart n’a pas de traitement de fond, alors que, notent les auteurs, «il est indiqué dans tous ces cas.» Au total, l’Irdes estime que « six personnes sur dix sont insuffisamment contrôlées d’après les recommandations internationales : 46% partiellement et 15% totalement. »
Plusieurs facteurs médicaux et socioéconomiques associés à un mauvais contrôle de la maladie ont pu être identifiés. Globalement, vivre dans un ménage à faible revenu ou de structure monoparental, être obèse, mais aussi fumer augmente le risque de non contrôle. Or Paradoxalement, on fume autant que la moyenne quand on est asthmatique (un sur quatre).
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