EN FRANCE, 80 % des enfants de 6 ans (et 60 % des jeunes) ne vont pas régulièrement chez le chirurgien-dentiste. Afin de convaincre parents et enfants de la nécessité de se faire surveiller les dents, l’assurance-maladie lance, en concertation avec les chirurgiens-dentistes, le programme « M’T dents ». Un nom bien dans le vent, un «label», même, selon l’assurance-maladie, pour identifier les nouveaux rendez-vous de prévention bucco-dentaire.
Sourires à trous.
Concrétisant le plan de prévention bucco-dentaire lancé en novembre 2005 par le ministère de la Santé, les M’T dents invitent les jeunes de 6, 9, 13, 15 et 18 ans à bénéficier d’un examen de prévention et des soins nécessaires ; 3,5 millions d’enfants et d’adolescents sont concernés. «Cette action aurait pu commencer avec les enfants de 4ans», reconnaît le Dr Jean-Claude Michel, président de la Confédération nationale des syndicats dentaires, qui se réjouit de cette campagne. «Nous croyons depuis très longtemps à la prévention.» Six ans, c’est «l’âge des sourires avec des trous. Des fées et des souris qui passent chercher les dents. C’est aussi celui des premières molaires définitives», ajoute Eric Verdier, représentant de l’Union des jeunes chirurgiens-dentistes.
Pour accompagner le programme, une vaste campagne d’information sera lancée en janvier prochain. Un spot télé, humoristique, «tord le cou à deux idées reçues», explique Agnès Denis, directrice de la communication de l’assurance-maladie. «La peur du chirurgien-dentiste pour les enfants et le coût de l’examen, pour les parents.» Le spot met en scène des enfants qui, parce qu’ils se rendent régulièrement chez le dentiste, ne parviennent pas à mimer la douleur dentaire. Un message radio, sur un rythme de rap, s’adresse, lui, plus particulièrement aux ados. Piqûre de rappel sur l’utilité d’une consultation régulière chez le dentiste.
Parallèlement, les jeunes seront avisés directement par une lettre adressée à leur domicile. Six cent mille courriers seront envoyés dès le début de janvier, puis 300 000, chaque mois suivant. Les invitations dépendront même du public visé : ceux qui ne vont jamais chez le dentiste recevront un courrier personnalisé selon la tranche d’âge, leur suggérant de prendre rapidement rendez-vous pour un examen de prévention gratuit dans les six mois, accompagné d’un dépliant avec des arguments médicaux spécifiques à chaque âge et d’une « feuille préidentifiée ». Ceux qui y sont déjà allés recevront un courrier les incitant à prendre rendez-vous pour une nouvelle visite avec, toujours, la feuille de soins préidentifiée. «Les patients n’auront qu’un coup de fil à passer pour prendre rendez-vous chez le dentiste de leur choix, lequel s’occupera ensuite de tout», explique le Dr Isabelle Limoge-Lendais, chirurgien-dentiste conseiller à l’assurance-maladie.
L’examen préventif sera en effet totalement pris en charge, le dentiste en recevra le paiement dans les 4-5 jours suivant l’examen grâce à la télétransmission. Les frais des soins qui auraient été réalisés dans les neuf mois suivant l’examen seront avancés par le patient, mais remboursés de la même façon, quelques jours après le rendez-vous. Les dentistes devraient, en outre, disposer d’affiches à placer dans leurs salles d’attente.
Rendre égal l’accès aux soins.
D’après l’assurance-maladie, 60 % des enfants issus de famille vulnérable ont des problèmes dentaires. Un dispositif, dirigé spécialement vers cette population, est également mis en place. Quatre départements, le Nord, le Gard, le Loiret et le Val-d’Oise, accueillent actuellement des opérations pilotes.
A Armentières, dans le Nord, un chirurgien-dentiste se déplace à l’école pour sensibiliser les enfants à l’hygiène bucco-dentaire. Un examen de prévention est réalisé dans un camion reconstituant le cabinet dentaire, histoire de dédramatiser la visite. Puis un suivi personnalisé est organisé par la caisse du Nord, via des relances téléphoniques. Les acteurs sociaux sont mobilisés pour accompagner les familles, notamment les assistantes sociales. A Nîmes, les résultats sont très encourageants, assure l’assurance-maladie, puisque 80 % des élèves se sont rendus à l’examen de prévention.
«Cet examen doit maintenant devenir un temps de partage, d’écoute et de dialogue», estime le Dr Jean-Claude Michel. M’T dents… et ton dentiste, le programme d’hygiène bucco-dentaire, semble aussi confirmer la rédemption des arracheurs de dents en gentils soignants.
Informations sur le site : www.mtdents.info.
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