De notre correspondant
Alors que le déficit de l'assurance-maladie allemande, officiellement estimé à 3 milliards d'euros, pourrait être bien plus lourd que prévu, le chancelier Schröder doit faire face à la contestation croissante de son parti, qui rejette plusieurs mesures destinées à réduire durablement les dépenses de santé.
Les 350 caisses d'assurance-maladie allemandes ont contracté près de 17 milliards d'emprunts qu'elles ont du mal à rembourser, ce qui porte leur déficit global à 20 milliards, a révélé il y a quelques jours l'hebdomadaire d'informations « Focus ». En outre, elles creuseront cette année leur déficit de deux milliards supplémentaires, rien que pour faire face à leurs dépenses courantes.
Devant la forte mobilisation des professionnels de santé et de l'opposition, le gouvernement envisage de revoir certains points de son projet de réforme, dont la mise en place d'un « institut de la santé » qui établirait des lignes directrices obligatoires pour la plupart des traitements. Il pourrait renoncer à dissocier le mode de conventionnement des généralistes et des spécialistes, comme il l'avait prévu cet hiver, et revenir sur sa décision de réformer en profondeur les « unions de médecins conventionnées », qui gèrent les relations entre les praticiens et les caisses.
2 milliards d'économie sur les médicaments
En revanche, tout en confirmant sa volonté de réaliser deux milliards d'économie supplémentaires sur les médicaments, grâce à des baisses de prix et de marges des grossistes et des pharmaciens, la ministre de la Santé, Ulla Schmidt, pourrait augmenter de plus d'un tiers la participation des assurés aux dépenses de médicaments. Actuellement, ceux-ci payent de 4 à 5 euros par boîte de médicaments, en fonction de la taille de celle-ci. Cette part pourrait augmenter, pour atteindre de 7 à 9 euros par boîte. Parallèlement, le gouvernement maintient son projet d'introduire une participation des assurés aux soins médicaux, à travers un forfait soit trimestriel, soit appliqué lors de chaque traitement. Il prévoit aussi de revoir le mode d'attribution et de financement des indemnités de maladie, et annonce une baisse sensible des remboursements des prothèses dentaires et de l'optique médicale.
Ces mesures soulèvent l'hostilité d'une large frange du Parti social-démocrate, et pourraient mettre le chancelier en difficulté. Gerhard Schröder, confronté, en outre, à une remontée spectaculaire du chômage et engagé dans une réforme des retraites encore plus impopulaire que celle de la santé, a menacé son parti, pour la deuxième fois en deux mois, de quitter ses fonctions s'il ne le suivait pas dans sa politique.
La « commission Rürup », chargée de préparer la réforme de la santé, devrait rendre son rapport définitif à la fin du mois de mai. Mais la mise en place effective des mesures qu'elle préconise reste soumise à l'aval du gouvernement, de plus en plus contesté dans le pays.
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