Éthique et droit à la santé à Lyon

L’association Médecine et droit d’asile contrainte de déménager

Publié le 30/05/2016
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DROIT D'ASILE

DROIT D'ASILE
Crédit photo : Guillaume Bouvy

Depuis 1988, la Consultation Éthique et Droit de la santé était une unité fonctionnelle à part entière des HCL, financée donc par ces derniers. En novembre, le Pr Daniel Malicier, responsable du service de médecine légale à Edouard Herriot jusqu’alors, prend sa retraite. Conséquence directe de ce départ : le comité Consultation Éthique et droit de la santé se retrouve dehors, sans financement, et sans en connaître la raison.

L’équipe, composée de six médecins généralistes et deux autres personnes pour les tâches administratives, est entièrement bénévole. Comme l’explique l’un des médecins, le Dr Gérard Bendrihem : « Nous nous sommes toujours donné l’exigence d’être méticuleux dans la retranscription des examens et des récits avant de délivrer au demandeur d’asile un certificat médical que la Cour d’appel de l’OFRA étudiera ». En l’occurrence, les personnes qui se rendent à ces consultations dépendent de la convention de Genève, victimes de persécutions, notamment pour des motifs ethniques et religieux. Il s’agit pour l’équipe de bénévoles d’étudier les dossiers rejetés par l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et en second lieu la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), sans prodiguer de soins. « Les profils rencontrés sont hétéroclites, mais la plupart du temps en difficulté psychologique et dans l’hyper-émotivité. La majorité est en France depuis un an, certains depuis trois ans », comme l’indique un des médecins à la retraite, Joseph Biot.

103 demandeurs d’asile de janvier à mars 2016

Ces consultations ont trouvé un nouveau lieu, qu’est la Maison médicale de garde libérale, dans le 8e arrondissement de Lyon. Libre en journée, cela permet de partager les frais. Reste que pour faire fonctionner l’association, les cotisations et dons ne suffisent pas. Au-delà du 31 décembre 2016, l’équipe ainsi que la quarantaine de membres s’interrogent sur le modèle économique, qui finira par s’essouffler faute de subventions, d’autant plus que ces consultations uniques, qui représentent 103 demandeurs d’asile entre janvier et mars 2016, pour une durée d’environ 1h30 avec interprète si besoin, ne sont pas pris en compte par la Sécurité sociale.

Pour l’heure, il y a en moyenne huit consultations par jour (il y en avait 12 auparavant). D’où le besoin exprimé de trouver un ou deux médecins qui travailleraient en binôme dans un premier temps avec les bénévoles habitués, ainsi que des secrétaires médicales. Comme en appelle non sans humour le Dr Blaise de Pury : « Iil nous faut des jeunes retraités ! »

Guillaume Bouvy

Source : Le Quotidien du médecin: 9500