COMME L'A EXPLIQUE le Pr Didier Leys (Lille), le design de l'étude Match repose sur l'analyse en sous-groupes des résultats de l'étude Capri. Etude qui avait notamment montré la supériorité du clopidogrel sur l'aspirine pour la prévention des événements athérothrombotiques majeurs chez des patients présentant un infarctus ou un AVC ischémique récent ou atteint d'une artériopathie périphérique. On avait constaté dans cette population que la réduction du risque d'événements est de 8,7 %. Au sein de cette cohorte, la supériorité du clopidogrel était particulièrement nette chez les patients à plus haut risque vasculaire, c'est-à-dire ayant des antécédents récents d'accidents ischémiques aigus : dans ce sous-groupe, la réduction du risque était de 14,9 % à un an et de 14,3 % après trois ans de traitement.
Ces résultats ont donc conduit à la mise en place de l'étude Match qui a inclus 7 600 patients recrutés par 507 centres répartis dans 28 pays. Ces patients devaient avoir présenté pendant les trois mois précédents un AVC ischémique ou un AIT (respectivement 78 et 22 %). L'âge moyen était de 66 ans, les hommes représentant les deux tiers de l'échantillon. Comme on pouvait s'y attendre, ces patients présentaient beaucoup de facteurs de risque cardio-vasculaire : 78 % étaient hypertendus, 68 % avaient un diabète, 56 % étaient hypercholestérolémiques, 12 % avaient un angor, 10 % une artériopathie des membres et 14 % avaient fait un infarctus dans les trois ans précédant l'inclusion.
Match est une étude randomisée en double aveugle versus placebo d'une durée de dix-huit mois. Après randomisation, la moitié des patients qui étaient tous sous clopidogrel 75 mg recevaient en plus 75 mg d'aspirine une fois par jour.
Un petit gain d'efficacité effacé par une diminution de la tolérance.
Le critère de jugement principal était un index combiné réunissant les AVC ischémiques, les infarctus, les morts cardio-vasculaires et les réhospitalisations pour événements ischémiques aigus. On enregistre bien une petite diminution de la fréquence de ces événements dans le bras aspirine (15,7 % contre 16,7 %), mais cette diminution n'est pas statistiquement significative (p = 0,244), un constat qui s'applique à tous les composants de l'indice composite pris séparément. De plus, précise le Pr H. C. Diener (Essen, Allemagne), on observe toujours dans le bras aspirine une augmentation significative des accidents hémorragiques majeurs et/ou menaçant la vie (2,6 % contre 1,3 %). L'ensemble de ces résultats a conduit le Pr Donald Easton (Rhod Island, Etats-Unis) à déclarer que le clopidogrel devait être considéré comme traitement de référence pour la prévention des AVC, de l'infarctus du myocarde et de la mortalité cardiovasculaire chez les patients ayant des antécédents cérébro-vasculaires, l'adjonction d'aspirine au clopidogrel n'entraînant pas de bénéfice global pour les patients.
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