XXVe Journées de l'hypertension artérielle
15-16 décembre 2005 à ParisLES RECOMMANDATIONS 2005 de la Haute Autorité de santé précisent qu’en l’absence de contre-indication l’aspirine à dose faible est indiquée en prévention secondaire chez les patients hypertendus présentant une maladie cardio-vasculaire, cérébro-vasculaire ou rénale associée, et chez les patients diabétiques, mais sous réserve que la pression artérielle (PA) soit contrôlée (pour éviter le risque d’hémorragie cérébrale).
L’aspirine, qui fait partie des anti-inflammatoires non stéroïdiens, exerce des effets inhibiteurs sur l’agrégation plaquettaire et la production de thromboxane (vasoconstricteur). Elle a fait la preuve de son intérêt dans la prévention des accidents cardio-vasculaires, mais ses mécanismes d’action à cet égard ne sont pas évidents. Il est possible qu’elle agisse en exerçant une puissante action antiagrégante et en prévenant l’élévation de la PA induite par l’angiotensine II et l’hypertrophie cardio-vasculaire.
De la physiologie…
Cependant, bien que ses effets bénéfiques soient reconnus chez les patients hypertendus, on s’était rarement intéressé jusqu’à présent à l’influence du moment d’administration sur son efficacité. C’est cet aspect chronobiologique de l’action de l’aspirine qui a fait l’objet d’une étude espagnole réalisée conjointement par l’unité hypertension et risque cardio-vasculaire du centre hospitalier universitaire de Saint-Jacques-de-Compostelle et le laboratoire de biotechnologie et de chronobiologie de l’université de Vigo.
L’influence de la chronobiologie sur l’activité de l’aspirine avait été mise en évidence par des travaux antérieurs qui avaient démontré que, comparativement à une administration matinale, l’administration de l’aspirine dans la soirée :
– agit sur les lipoperoxydes et les récepteurs bêta-adrénergiques ;
– augmente de plus de 60 % l’inhibition de l’agrégation plaquettaire ;
– prolonge la durée de sa clairance ;
– augmente de plus de 30 % l’inhibition de l’angiotensine II ;
– exerce des effets antihyperternseurs aussi bien chez des volontaires normotendus que chez des patients hypertendus et chez les femmes enceintes à risque de pré-éclampsie.
La présente étude, réalisée chez 328 patients âgés en moyenne de 46 ans (215 femmes) présentant une hypertension artérielle essentielle de stade 1 non traitée, a confirmé ces résultats en évaluant les effets de l’aspirine à faible dose (100 mg par jour) sur la pression artérielle selon le moment de son administration et du cycle activité/ repos des patients (sont considérés de stade 1 les patients hypertendus dont la pression artérielle systolique est comprise entre 140 et 159 mmHg, et la pression artérielle diastolique entre 90 et 99 mmHg). Ces patients ont été randomisés soit pour faire l’objet d’une intervention non pharmacologique fondée sur de simples conseils hygiénodiététiques (groupe 1), soit pour recevoir ces mêmes conseils associés à 100 mg d’aspirine au réveil (groupe 2) ou au coucher (groupe 3).
La pression artérielle (PA) et la fréquence cardiaque ont été mesurées automatiquement en ambulatoire pendant 48 heures toutes les 20 minutes pendant la journée (de 7 heures à 23 heures) et toutes les 30 minutes pendant la nuit, et ce avant et après trois mois de l’un des trois types d’intervention. L’activité physique était mesurée de façon concomitante au moyen d’un actimètre porté au poignet.
Le résultat le plus marquant de cette étude est qu’après 3 mois d’intervention non pharmacologique (groupe 1) la PA a diminué de façon non significative (de moins de 0,2 mmHg). Dans le groupe 2 recevant 100 mg d’aspirine au réveil, la PA a augmenté légèrement mais significativement (de 2,6/1,6 mmHg en moyenne sur 24 heures). En revanche, une réduction significative de la PA a été observée chez les patients du groupe 3 recevant 100 mg d’aspirine au coucher (de 6,8/4,6 mmHg en moyenne).
…à la chronobiologie.
Il semble donc que la baisse de la PA que détermine l’aspirine soit étroitement liée au moment de son administration au cours du cycle activité/repos. En pratique, un point important émerge de cette étude, c’est que, pour être efficace dans le cadre du traitement de l’hypertension, l’aspirine doit être prescrite au moment du coucher, et, comme le rappelle l’auteur, à faible dose puisqu’il a été démontré qu’à dose plus élevée (500 mg par jour) elle exerce un effet vasopresseur.
Ces résultats indiquent en outre que l’administration d’aspirine à faible dose respectant les rythmes chronobiologiques peut contribuer efficacement à la prévention secondaire des maladies cardio-vasculaires, mais aussi au contrôle de la PA chez les patients qui présentent une hypertension essentielle légère, surtout s’ils risquent de n’avoir qu’une médiocre observance des prescriptions hygiéno-diététiques.
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